PROTECTION ET GESTION DURABLE DES OCÉANS - Madagascar appelle à une mobilisation internationale

Fortement affecté par les conséquences de la dégradation des mers, Madagascar participe à la 3e Conférence des Nations unies sur l’océan. À la tribune de l’événement, le président Rajoelina a appelé à des actions concrètes et à une solidarité internationale face aux enjeux de la protection des écosystèmes marins.

Le président Andry Rajoelina, durant son discours lors du débat général à l’UNOC 3, hier, à Nice, France.

Traduire la parole en actes et une mobilisation internationale. Ces mots ont résonné comme un cri de ralliement à Nice, France, hier, pour l’ouverture de la 3e Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC 3).

Quasiment l’ensemble des chefs d’État et dignitaires internationaux qui ont pris la parole durant la conférence inaugurale et le premier débat général de l’événement ont appelé à joindre la parole et les engagements à l’acte face aux enjeux de la protection des océans et à l’exploitation raisonnable et durable des ressources marines. Par la voix d’Andry Rajoelina, président de la République, Madagascar a émis le même appel, tout en tirant la sonnette d’alarme face à l’urgence de la situation, ainsi qu’à une mobilisation de tous les acteurs.

«Protéger notre environnement, c’est protéger notre avenir. Alors, protéger l’océan, c’est un devoir, une urgence, et cela doit être un acte collectif», déclare alors le locataire d’Iavoloha à la tribune de l’UNOC 3, en ajoutant : «C’est pourquoi ce sommet est vital. Parce que nous devons accélérer l’action. Et surtout, mobiliser tous les acteurs : États, scientifiques, secteur privé, et communautés locales». Il note que les sujets abordés durant les cinq jours que durera la conférence concernent directement la Grande île.

Ainsi, selon le chef de l’État, la délégation malgache n’y est pas présente ni en tant qu’observateur, ni en tant que commentateur, mais en tant qu’acteur qui subit les effets de la dégradation des mers. Madagascar se présente aussi comme acteur des solutions pour renverser la situation. 

« Au cœur de l’Indianocéanie, notre pays incarne à la fois la richesse exceptionnelle des écosystèmes marins et la vulnérabilité face aux bouleversements climatiques », lance-t-il en affirmant que le pays « est inquiet ».

Une inquiétude face à la montée du niveau de la mer qui ronge le littoral. Face à la pollution et à la hausse de la température des eaux et à leurs conséquences dévastatrices sur l’écosystème marin. Une inquiétude aussi face aux pillages des ressources marines, ainsi qu’au renforcement du bouleversement climatique à cause de la dégradation des mers.

Actions multilatérales

Comme l’indique António Guterres, secrétaire général des Nations unies, la question des océans revêt aussi des enjeux socio-économiques. « L’océan nourrit trois milliards de personnes et fait vivre six cents millions d’autres », affirme-t-il. « Nos mers sont source d’activités économiques, d’alimentation durable, et ne l’oublions pas, elles sont notre première alliée pour le changement climatique », concède également Emmanuel Macron, président français.

L’ensemble des orateurs d’hier s’accordent sur le fait que les pays insulaires et les États côtiers sont les plus touchés par les multiples effets néfastes de la destruction des mers. Dans son discours d’hier, le locataire d’Iavoloha a alors également plaidé en faveur de l’ensemble des îles au sein de la Commission de l’océan Indien (COI). L’organisation régionale prend également une part active à l’UNOC 3. Les cinq pays membres comptent plus de 5 millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive (ZEE), ce qui en fait l’une des plus vastes zones maritimes au monde.

Prenant l’exemple de la Grande île, le locataire d’Iavoloha soutient que « l’océan représente un levier de développement considérable à travers le tourisme, l’économie bleue (…) ». Un des points revendiqués par le président Rajoelina est le renforcement des financements «afin que les États insulaires comme Madagascar et les îles de la région Indianocéanie puissent gérer durablement leurs ressources marines». António Guterres déclare justement que « les États insulaires en développement ont besoin d’aide pour renforcer leur résilience et prospérer dans l’économie bleue ».

Andry Rajoelina exhorte également à ce que les activités en haute mer et la pêche industrielle « soient strictement encadrées ». De même pour l’intégration des savoirs traditionnels dans les politiques globales « pour une meilleure protection des océans tournée vers l’humain ». Les revendications et l’appel émis par Madagascar sont dans la ligne des objectifs de l’UNOC 3, la conférence dont le principal but est de renforcer la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 14 (ODD 14), à savoir la conservation et l’utilisation durable des océans et des ressources marines.

À entendre les différents discours d’hier, les cent vingt-quatre pays représentés à Nice sont conscients des enjeux liés à cet ODD. Tous appellent à un renforcement « des actions multilatérales », afin de relever les défis, car « aucun pays ne pourra y arriver seul ». Cependant, il 

faudra rapidement traduire les discours en actes. Comme l’a déclamé Andry Rajoelina: «Ce sont nos actes, et non pas nos discours, qui mesureront nos engagements».

Garry Fabrice Ranaivoson

3 Commentaires

  1. https://theconversation.com/madagascar-lambitieux-projet-de-developpement-minier-base-toliara-face-aux-realites-du-terrain-253599

    Qu'il commence par protéger Madagascar au lieu de faire encore de beaux discours creux...

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  2. Des déplacements à n'en plus finir sans résultats concrets mais uniquement pour dilapider l'argent public . Rainilainga ferait mieux de fermer sa gueule parce que ce ne sont pas les projets présidentiels = projet de sa famille dans l'île MITSIO initiés par Mohamed Elabbar le magnat Emirati copain de son fils Arena avec des villages touristiques qui vont aider à la protection de la biodiversité marine et des littéraux . L'immobilisme et l'impuissance de ce régime contre la pêche illicite de concombres de mer bouleversant l'écosystème des fonds marins sont rageants . Il suffit de voir avec sang froid la situation dramatique de ce pays .
    Madagascar se trouve confronté à une crise économique et sociale multidimensionnelle, aggravée par sa dépendance historique à l’aide internationale, qui représente environ 40 % de son budget public. La réduction drastique de l’aide américaine, passant de 226,7 millions de dollars en 2024 à seulement 9,2 millions en 2025, menace directement les programmes sociaux essentiels, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la sécurité alimentaire. Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’économie malgache repose principalement sur des secteurs primaires et extractifs peu transformateurs, comme l’agriculture (25 % du PIB), laissant le pays vulnérable aux chocs externes.
    L’imposition récente par les États-Unis d’un droit de douane de 47 % sur les exportations malgaches, en particulier le textile (bénéficiant auparavant de l’AGOA) et la vanille, risque d’avoir des conséquences graves. Les exportations vers les États-Unis, premier partenaire commercial de Madagascar (30 % des exportations totales), pourraient chuter, entraînant une déstabilisation de l’emploi formel. Le secteur textile, qui emploie directement 200 000 travailleurs, majoritairement des femmes, serait particulièrement touché. Cette mesure aggraverait également le déficit de la balance courante, qui pourrait atteindre 6,4 % du PIB en 2026, renforçant ainsi la dépendance du pays aux financements extérieurs.
    Sur le plan macroéconomique, les perspectives restent fragiles. La BAD prévoit une croissance du PIB de 3,8 % en 2025, un taux insuffisant pour réduire significativement la pauvreté, qui touche déjà 82 % de la population (vivant avec moins de 2,15 dollars par jour). La dette publique, en hausse constante, pourrait atteindre 53,5 % du PIB en 2026, risquant de placer Madagascar en situation de surendettement et limitant sa capacité à investir dans les infrastructures. Par ailleurs, l’inflation, bien qu’en légère baisse (7 % en 2025), continue d’éroder le pouvoir d’achat des ménages, dans un contexte de dépréciation persistante de l’ariary (-15 % face au dollar depuis 2020).
    Le climat des affaires avec Madagascar se classant actuellement 161e sur 190 dans le Doing Business 2023 en raison de la corruption et des lourdeurs administratives.
    Madagascar s’enfonce, étouffée par un pouvoir impuissant et une corruption institutionnalisée qui siphonne l’espoir. Sous ce président Français de Madagascar , les réformes ne sont que mirages, les promesses se dissolvent dans l’immobilisme, tandis que l’élite prospère sur les ruines d’un peuple abandonné. Le rapport de la BAD est un réquisitoire accablant : la misère de 82% des Malgaches n’est pas une fatalité, mais le résultat d’un système verrouillé, où quelques-uns s’enrichissent sur le dos de millions d’affamés. Madagascar ne meurt pas de sécheresse ou de cyclones, mais de ses dirigeants. Le monde détourne les yeux, car personne ne veut voir ce crime silencieux – l’agonie d’une nation sacrifiée par ses propres leaders.
    Rainilainga avait certainement encore l'espoir d'un financement lors de ce sommet !

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    1. Précision : les villages touristiques de l'ïle MITSIO ne vont pas aider à la protection de la biodiversité marine et des littéraux .

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