Perdre les boules

Pourquoi les boulistes malgaches sont si forts ? Une question à laquelle le magazine sportif L’Équipe a tenté de répondre avec plus ou moins de réussite. L’article en question s’est plutôt contenté de retracer les performances des boulistes malgaches au niveau international dont les deux titres de champion du monde au niveau triplette en 1999 à La Réunion et en 2016 à Antananarivo. Ainsi que quatre titres de vice- champion en 1982, 2007, 2010 et 2024. Sans oublier évidemment le titre de champion du monde de tir de précision de Zigle en 2024.

Le confrère de L’Équipe vante plutôt le talent des joueurs malgaches et surtout leur régularité depuis leur première participation aux Mondiaux depuis 43 ans et leur place en  finale en 1982 où ils ont échoué face à Monaco. Les champions français sont souvent les victimes d’une triplette malgache que ce soit aux Mondiaux ou aux Masters.

Les boulistes malgaches ont encore prouvé hier en remportant le Master de Saint-Gilles- Croix-de-Vie qu’ils font partie du gotha mondial.

La pétanque comme le tennis est une discipline individuelle dont les performances dépendent plutôt des efforts et investissements des joueurs ou de leurs parents et de la fédération concernée que d’une véritable politique de développement. La pétanque est pratiquée depuis fort longtemps, depuis la colonisation dans plusieurs régions plus ou moins éloignées. Une triplette de Betafo avait déjà représenté Madagascar aux Mondiaux. C’est dire la vulgarisation de cette discipline qui ne nécessite pas de gros investissements excepté l’achat des boules qui coûtent souvent une petite fortune. Là où il y a un terrain vague sied  la pratique de la pétanque. Un peu partout à Antananarivo ou ailleurs, c’est certainement la discipline la plus pratiquée avant le football. Il suffit pour s’en convaincre de compter le nombre de participants aux championnats nationaux dont les finales se terminent souvent tard dans la nuit. Plus il y a de pratiquants, plus il y a logiquement de bons joueurs et de talents à force de disputer plusieurs tournois dans l’année.

Dans les années 80, 90 et 2000, deux hommes dont la passion pour la pétanque n’a d’égale que leur investissement personnel pour la discipline se trouvaient à la tête de la Fédération malgache de boules. On doit la première participation d’une triplette malgache au regretté Benoit Rabemanantsoa et, plus tard, au regretté Bruno Ravoaja.

Il n’y a pas de secret pour le succès et les performances. Les boulistes ne doivent leurs titres à personne. Au contraire, ils figurent parmi les parents pauvres de toutes les disciplines pour ne citer que les derniers mondiaux où, faute de moyens, leur participation a failli être compromise et après leur titre de vice-champions du monde, ils ont dû faire appel à la diaspora pour avoir un peu d’argent de poche. Pourtant, ils ne perdent pas les boules comme ils l’ont prouvé hier.

Sylvain Ranjalahy

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