Des millions de dollars sont perdus chaque année à cause de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.
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Cérémonie de clôture de la mission de surveillance de la pêche, dimanche. |
La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) constitue une menace persistante pour les ressources marines de Madagascar. Chaque année, des millions de dollars sont perdus à cause de ces pratiques illicites, qui contribuent à l’épuisement des stocks halieutiques, fragilisent les écosystèmes marins et compromettent les moyens de subsistance des pêcheurs locaux.
Dans le cadre de la 65e mission régionale de surveillance des pêches, un navire battant pavillon sri-lankais, baptisé Ruth Baba 6, a été arraisonné à 60 milles nautiques au large de Besalampy. L’interception a eu lieu dimanche dernier, lors de la cérémonie de clôture de ladite mission, organisée au siège du Centre de surveillance des pêches (CSP), à Port Schneider, Mahajanga.
Le navire a été surpris en pleine activité de pêche illégale, transportant à son bord seize tonnes de requins et d’ailerons de requins, sans autorisation ni permis de pêche valide dans la zone économique exclusive (ZEE) de Madagascar. Les membres de l’équipage ont été immédiatement arrêtés.
Cette opération s’inscrit dans une campagne d’inspection conjointe de la ZEE partagée entre Madagascar et l’Union des Comores, conduite par le CSP. Elle vise à renforcer le contrôle des activités de pêche et à lutter contre les intrusions étrangères.Le gouverneur de la région Boeny, Mokhtar Andriantomanga, a salué cette interception :
« L’épuisement des ressources marines serait une catastrophe pour l’environnement. Ce ne serait plus une mer, mais une étendue d’eau morte. Il est du devoir de chacun de protéger l’économie bleue, non seulement pour les Malgaches, mais pour le monde entier. J’appelle les responsables de la Commission de l’océan Indien et du ministère de la Pêche à poursuivre le projet de protection de la ZEE face aux pêches illicites. »
Le gouverneur a également félicité l’équipage du navire de surveillance Atsantsa, mobilisé lors de cette mission, pour son intégrité et son professionnalisme.
Une mobilisation renforcée
La 65e mission régionale de surveillance s’est déroulée sur une période de douze jours. Durant cette opération, le navire Atsantsa a parcouru plus de 3 000 milles nautiques et intercepté dix embarcations : huit malgaches et deux étrangères. Des mesures ont d’ores et déjà été prises à l’encontre du navire sri-lankais.
Ce n’est pas un cas isolé. En juillet 2024, des pêcheurs kényans et sri-lankais avaient déjà été interceptés dans les eaux malgaches, en possession de cinq tonnes de poissons. La pêche INN représente une perte économique significative pour les pays côtiers, tout en pénalisant les pêcheurs qui respectent les réglementations en vigueur. Elle nuit également à la biodiversité marine et à l’économie locale.
Face à cette situation, les autorités malgaches renforcent leur engagement. Un plan d’action national contre la pêche illicite (PAN-INN) a été adopté. Il prévoit l’intensification des patrouilles maritimes, l’extension de la coopération internationale et l’augmentation du nombre de navires de surveillance pour assurer un meilleur contrôle des eaux territoriales.
Vero Andrianarisoa