Après le décès de trois personnes ayant consommé de la charcuterie, notamment de la mortadelle, à Mahajanga mardi soir, les autorités locales ont pris des mesures provisoires depuis mercredi.
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L’équipe de la direction régionale de l’industrialisation et commerce Boeny. |
La vente de charcuterie est suspendue dans l’ensemble des points de vente, y compris les grandes surfaces, dans l’attente des résultats des analyses des prélèvements transmis à l’Institut Pasteur de Madagascar, à Antananarivo.
Le directeur régional de la santé publique de Boeny, le docteur Julio Ramilijaona Andriantiana, a confirmé cette décision.
« L’équipe de la DRSP Boeny, avec le service du district de santé publique de Mahajanga I, a mené une descente et une enquête au CHU d’Androva depuis mardi. Les victimes sont prises en charge gratuitement grâce au fonds d’urgence mis en place par le ministère. Des prélèvements ont été effectués sur les produits suspects et transmis pour analyses microbiologiques. Les personnes encore en possession de ces produits sont invitées à ne pas les consommer. Celles qui en auraient déjà mangé sont appelées à se rendre à l’hôpital en cas de malaise ou de réaction inhabituelle », a précisé le directeur.
La direction régionale de l’industrialisation et du commerce a également réalisé des prélèvements dans les trois principales enseignes de grande distribution de Mahajanga.
« La vente de ces produits est suspendue à titre provisoire. Les procédures d’analyse sont en cours et seront accélérées », a indiqué Nary Arthur Radanison, directeur régional.
Investigations en cours
Des échantillons de mortadelle ont été retirés des rayons et placés sous scellés dans des sacs plastiques. Les produits resteront retirés de la vente jusqu’à la communication des résultats des analyses.
Les autorités de Mahajanga — le gouverneur de la région Boeny, Mokhtar Salim Andriantomanga, le préfet, Tokifaharana Herimaharo Zo, et le maire, Heriniaina Tia Solofomanga — se sont rendues mercredi dans les grandes surfaces, accompagnées des agents de la direction régionale du commerce.
« La prudence s’impose. Il serait prématuré de tirer des conclusions sur l’origine des décès. Seuls les résultats des analyses permettront de déterminer les causes exactes et d’éviter toute panique. La chaîne du froid doit être respectée de la production jusqu’au consommateur. À ce stade, aucune responsabilité n’est établie, ni au niveau des producteurs, ni lors du transport ou de la distribution. Les stocks doivent être conservés au froid. Les consommateurs sont appelés à ne pas consommer ces produits », a déclaré le gouverneur.
Une famille déchirée
La mère de famille qui a perdu sa petite fille est directrice d’une école, Franco-Anglo School de Mahajanga. Et cette deuxième victime adulte était l’épouse de son frère, soit sa belle-sœur. Elle était âgée de 35 ans et était surveillante générale à cette école.
Depuis hier, le mari de cette surveillante décédée est encore aux soins d’urgence à l’hôpital d’Androva. Il n’est pas encore au courant du décès de son épouse.
Tandis que les trois enfants de ce couple étaient admis à titre de surveillance et de contrôle au CHU. Fort heureusement, ils n’ont pas été atteints par l’étrange maladie, bien qu’ils aient consommé le même produit dimanche dernier.
Le père de la petite fille de 2 ans et 3 mois, morte mardi, est totalement choqué face au décès de sa « princesse », comme il l’appelait. Sa femme est désespérée et complètement abattue.
Si l’on revenait à l’événement, un goûter était organisé dimanche après-midi chez la famille à Tsaramandroso Ambony.
« Ma femme était absente dimanche après-midi car elle accompagnait nos deux fils à une formation à l’église de Mahabibo. Nous étions avec la famille à la maison. Ma petite princesse, fille unique, est partie. Lundi matin, le cousin et le frère de ma femme ont commencé à se sentir mal et ont été admis à l’hôpital. Ma petite fille jouait gaiement avec moi. Lundi soir, on m’a téléphoné de l’hôpital pour m’annoncer que ma fille vomissait beaucoup à la maison. J’ai entendu que la mortadelle avait été achetée dimanche matin dans une grande surface. J’appelle les autorités à apporter un éclaircissement et une enquête sur cette situation malheureuse. Nous voulons que justice soit faite », a déclaré le père de la petite fille.
Vero Andrianarisoa