Face au piratage qui mine l’industrie cinématographique, les maisons de production abandonnent progressivement les supports physiques comme les DVD, pour se tourner vers le numérique.
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Le dernier VCD imprimé de Malok’Ila remonte à 2023. |
Actuellement, le piratage reste un fléau qui gangrène l’industrie cinématographique locale. Face à cette menace persistante, plusieurs maisons de production ont décidé de tourner la page du DVD et d’embrasser des solutions numériques plus modernes. Le bon vieux VCD ou DVD, longtemps chéri des amateurs de films malgaches, semble appartenir à une époque révolue. Les supports physiques, hier encore essentiels, sont aujourd’hui en voie de disparition. C’est notamment le cas de Scoop Digital, une maison emblématique connue pour ses films cultes comme Malok’Ila. Elle opère un virage stratégique vers le numérique. « Nous n’utilisons plus de support disque. Le dernier VCD imprimé remonte à 2023, pour Malok’Ila : Le Grand Retour. Aujourd’hui, nous privilégions les projections promotionnelles et notre propre site web », confie un représentant de l’entreprise.
Ce site, conçu comme une plateforme de streaming, propose une sélection de contenus variés tels que 104, Adisanina en 4 épisodes, 204, Volomborona en 3 épisodes et bien sûr les 17 épisodes de Malok’Ila. Certains films sont accessibles gratuitement, d’autres sont proposés à la vente via PayPal ou carte bancaire.
D’autres alternatives
Scoop Digital n’est cependant pas la seule à opérer cette transformation. D’autres structures, comme Maki Production dirigée par Tovomanana Anthonio, misent sur des solutions hybrides. « Le piratage reste difficile à contrôler. Facebook reste une vitrine utile pour vendre, mais on utilise aussi les clés USB, car beaucoup de téléviseurs domestiques les lisent désormais. Toutefois, le changement de comportement des consommateurs reste la meilleure arme contre le piratage », confie le producteur. Les alternatives se multiplient : diffusion via Facebook, WhatsApp, Messenger, ou distribution de films sur clés USB. Pourtant, cette transition numérique n’est pas sans écueils. L’accès à Internet reste inégal sur l’île, notamment dans les zones rurales où les films malgaches constituent un divertissement familial incontournable. « Sans DVD, c’est compliqué pour nous. Nous n’avons que la télévision et le lecteur DVD pour regarder des films en famille, surtout le dimanche après-midi. C’est notre divertissement principal », témoigne Haja Rasamy, habitant de Mahitsy.
Ce glissement vers le numérique pose ainsi une question cruciale : comment concilier innovation technologique et inclusion culturelle ? Car si la protection des œuvres et la viabilité économique des maisons de production passent par la digitalisation, elles doivent aussi tenir compte des réalités du territoire. Entre espoir d’un avenir plus sûr pour la création malgache et risques d’exclusion d’une partie du public, l’industrie du cinéma local s’engage dans une transition délicate, mais nécessaire.
Nicole Rafalimananjara