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Dans la majorité des cas, ce sont les victimes de traite qui assument, elles-mêmes, les coûts de leur départ. |
Neuf citoyens malgaches, victimes d’un réseau de traite des êtres humains opérant au Cameroun, ont été rapatriés à Madagascar jeudi dernier. Cette opération a été rendue possible grâce à une collaboration étroite entre les institutions nationales — en particulier le ministère de la Sécurité publique et celui du Travail — et des partenaires internationaux, notamment l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui a apporté un soutien logistique et financier.
Les victimes avaient été mises en contact avec ce réseau par l’intermédiaire de connaissances malgaches déjà installées au Cameroun.
« Contrairement à ce qui se dit, ce n’est pas via les réseaux sociaux que nous avons trouvé ces offres. Le contact a été établi par des Malgaches déjà présents au Cameroun, qui nous ont affirmé qu’il y avait des opportunités d’emploi », témoigne l’une des victimes, sous couvert d’anonymat.
« Pour ma part, je suis sage-femme diplômée. Mon objectif était de travailler dans un hôpital. Mais à mon arrivée, j’ai été conduite dans un hôtel. On m’a ensuite demandé de verser 1 300 euros pour accéder à une supposée “cité des travailleurs”. Lors de l’entretien, il nous a également été exigé de recruter six autres personnes », ajoute-t-elle.
Les conditions de vie étaient précaires
« Le matin, on nous servait du pain avec des haricots. À midi, rien du tout. Et le soir, un peu de riz accompagné de légumes ou de poisson séché. Certaines étaient là depuis le mois d’octobre. Il était interdit de sortir tant qu’on n’avait pas recruté au moins deux nouvelles personnes. Certaines d’entre nous avaient même des visas expirés. On n’avait pas le droit de contacter nos familles. »
Chaque jour, les victimes participaient à une « formation » censée les préparer à recruter d’autres Malgaches.
« C’était un emploi du temps rigide : de 9 heures à midi, puis de 15 heures à 18 heures. J’ai fini par prévenir un cousin qui vit au Canada. Il m’a mise en contact avec la présidente d’une association au Canada. Après lui avoir expliqué notre situation, les forces de gendarmerie locales ont été interpellées et sont intervenues pour nous libérer. Il n’y a pas eu de violences physiques, mais nous étions clairement sous emprise psychologique. C’était un véritable lavage de cerveau. »
À leur retour à Madagascar, les neuf victimes ont été accueillies au siège du ministère des affaires étrangères, à Anosy.
« Le ministère réaffirme que la protection des ressortissants à l’étranger ne constitue pas seulement un devoir moral, mais une mission essentielle et prioritaire de la diplomatie malgache », a déclaré Éric Ratsimbazafy, secrétaire général du ministère.
« Cette responsabilité s’exerce avec vigilance, humanité et fermeté, face aux menaces croissantes liées à la traite des êtres humains, aux migrations irrégulières et aux incidents en mer. » Face à la prolifération des fausses offres d’emploi à l’étranger, souvent relayées via les réseaux sociaux, le ministère exhorte les citoyens à faire preuve d’une extrême prudence et les invite à recourir uniquement aux voies officielles pour tout projet de mobilité internationale.
Mialisoa Ida