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Un Centre de Santé de Base dans le district d'Ikongo. |
Le paludisme connaît une recrudescence préoccupante dans le sud de Madagascar, et frappe durement le ditstrict d’Ikongo.
Dans la commune d’Ambatofotsy, les décès s’enchaînent à un rythme inquiétant. Entre janvier et mai, cent quatorze morts « liées au paludisme » ont été enregistrées dans les registres de l’état civil, a indiqué hier le maire, Jean Ravelonjatovo. La situation semble s’être aggravée ces dernières semaines.
« Nous enregistrons actuellement entre trois et quatre morts par jour. Le tranobe (NDLR : maison réservée à l’accueil des défunts) ne désemplit pas. Tandis que certains corps sont inhumés, d’autres continuent d’y être apportés », déplore l’élu.
Le fokontany de Mahasoa serait le plus durement touché.
« Depuis le 16 avril, au moins une trentaine de personnes y sont décédées. Elles sont majoritairement des enfants âgés de 5 à 12 ans », poursuit Jean Ravelonjatovo. Il estime que le nombre réel de décès est sans doute supérieur aux chiffres officiels, plusieurs cas de décès communautaires n’étant pas systématiquement déclarés à la commune.
Les autorités locales attribuent cette mortalité à une combinaison de paludisme et de malnutrition.
« Les analyses effectuées sur les victimes confirment leur contamination par le paludisme. Certains reçoivent des traitements, mais rechutent quelques jours plus tard et succombent. Cela est probablement dû à leur état de faiblesse, lié à la sous-nutrition », explique le maire.
Des sources médicales évoquent également une pénurie de médicaments antipaludiques dans le district. « Même les tests de dépistage font défaut », précisent-elles.
Avec certitude
La commune d’Ambatofotsy n’est pas la seule concernée par cette résurgence du paludisme. Georges Fidelys Ramanantoanina, maire de la commune voisine de Tsifenokataka, constate lui aussi une hausse des cas.
« Chez nous, la situation est moins dramatique, avec environ un décès par semaine », affirme-t-il.
Un responsable sanitaire du district confirme une recrudescence des cas, tout en appelant à la prudence sur les chiffres de mortalité.
« Officiellement, seuls trois décès dus au paludisme ont été confirmés en milieu hospitalier. Les décès survenus dans les communautés ne peuvent être attribués avec certitude à cette maladie, faute de dépistage », souligne-t-il.
Cette remontée des cas ne surprend guère les autorités d’Ikongo.
« Les moustiquaires distribuées à titre préventif ne sont pas utilisées comme il se doit. Au lieu de dormir sous des moustiquaires, les habitants les emploient comme filets pour piéger les animaux dans les champs ou pour pêcher dans les rizières », regrette Jean Ravelonjatovo.
Des équipes médicales ont été dépêchées sur place afin de renforcer les structures locales et d’améliorer la prise en charge des patients. Une livraison de médicaments est également attendue dans le courant de la semaine.
Miangaly Ralitera