GÉRIATRIE - Des familles se tournent vers les hospices

Les personnes âgées prises en charge dans le centre Fimibeama à Alasora.

Les établissements spécialisés dans la prise en charge des seniors connaissent une forte croissance de leur fréquentation. Ces centres sont confrontés à des difficultés.

Les admissions dans les établissements pour personnes âgées ont connu une progression ces dernières années. L’association qui prend en charge les personnes âgées et est engagée dans le bien-être social, à Madagascar (Fimibeama), sise à Alasora, a connu une forte hausse de ses pensionnaires en 2024. « Nous avons commencé avec un seul pensionnaire il y a quinze ans. Aujourd’hui, ils sont une trentaine, et c’est en 2024 que nous avons enregistré la plus forte hausse », explique Fahefana Nomena, président de l’association, hier. L’établissement a accueilli jusqu’à quarante pensionnaires au cours de l’année 2024, contre une quinzaine seulement l’année précédente.

Cette hausse s’explique en grande partie par l’évolution des modes de vie. « De nos jours, aussi bien les hommes que les femmes travaillent. La plupart des familles ne peuvent plus s’occuper correctement de leurs parents », constate Miora, un responsable au sein de ce centre.

Décision difficile

Parmi les nouveaux arrivants figure Razafimalala, une femme centenaire. « Ma famille m’a amenée ici, car personne ne pouvait s’occuper de moi », confie-t-elle. Armand Rakotondrabe, 69 ans, victime d’un AVC, vit dans cet hospice depuis trois ans. « Je n’ai pas d’enfants. C’est mon frère qui m’a confié au centre. Il vient me rendre visite de temps en temps. Je me plais ici, car je peux discuter avec des personnes de mon âge et profiter du soleil », témoigne-t-il.

Pour de nombreuses familles, placer un proche en maison de retraite reste une décision difficile à prendre. À Madagascar, le respect des aînés est une valeur profondément ancrée, et déléguer leur prise en charge à d’autres est encore souvent mal perçu. « J’ai beaucoup culpabilisé au début. Mais avec le temps, j’ai compris que c’était la meilleure solution pour nous. Là-bas, il reçoit des soins adaptés et bénéficie d’un encadrement », confie Vola, dont le père octogénaire, atteint de démence, vit désormais à l’hospice.

Malgré une demande croissante, l’offre reste limitée. Madagascar ne compte aujourd’hui que cinq centres de gestion privée, selon le ministère de la Population et des Solidarités. Le coût constitue un obstacle majeur. « Il faut au minimum 300 000 ariary par mois pour couvrir les besoins nutritionnels d’un seul pensionnaire. Et cela ne comprend ni le loyer, ni l’électricité, ni les indemnités du personnel. Pourtant, la majorité de nos pensionnaires sont hébergés gratuitement. Certains ne règlent pas régulièrement leur contribution », déplore Fahefana Nomena, qui tire la sonnette d’alarme sur les difficultés financières du centre.

Face à cette situation, les établissements d’accueil pour personnes âgées appellent à un soutien accru, afin de leur garantir une prise en charge digne et adaptée.

Miangaly Ralitera

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