ÉNERGIE - PROJET SAHOFIKA - L’État devient actionnaire majoritaire

Photo prise durant la signature du SPA entre  le consortium NEHO et le FSM, hier, à Iavoloha.

Par le biais du Fonds souverain malagasy (FSM), l’État intègre le consortium NEHO, qui est chargé de la mise en œuvre du projet hydroélectrique Sahofika. Il en devient également l’actionnaire majoritaire en participant à hauteur de 49 % du capital.

Un coup de fouet. C’est ce que l’État veut donner à la concrétisation du projet de barrage hydroélectrique Sahofika, en intégrant le consortium Nouvelle Énergie Hydroélectrique de l’Onive (NEHO), par le biais du Fonds souverain malagasy (FSM). Par la même occasion, il en devient actionnaire majoritaire avec une participation à hauteur de 49 % du capital.

L’information a été officialisée, hier, à l’issue d’une réunion conduite par Andry Rajoelina, président de la République, au palais d’État d’Iavoloha. Outre les représentants des entreprises Themis et Eranove, qui forment initialement le consortium NEHO, Kevin Kariuki, vice-président de la Banque africaine de développement (BAD) chargé de l’Électricité, de l’Énergie, du Climat et de la Croissance verte. NEHO est le promoteur du projet et la BAD en est l’arrangeur financier.

Un contrat d’achat d’actions, ou le Share Purchase Agreement (SPA), entre le FSM et NEHO a ainsi été signé à l’issue de cette réunion. Il s’accompagne d’un avenant au contrat de concession du projet, dont la signature a également été faite à Iavoloha. Le qualifiant de «clé du développement», le chef de l’État déclare : «L’implication de l’État dans le projet Sahofika à travers la prise de participation du Fonds Souverain Malagasy à hauteur de 49 % témoigne de notre volonté de faire un investissement stratégique et durable sur ce projet qui sera un levier de développement national «.

L’achat par le FSM d’actions dans le capital social de NEHO a été approuvé par le Conseil des ministres de mercredi. Le FSM, dont la vocation, selon la loi qui l’institue, est de financer «des projets de développement stratégiques et prioritaires, rentables et créateurs d’emplois». Le rapport de la réunion de l’Exécutif explique sa décision par l’objectif «d’accélérer l’accès des Malagasy à une énergie propre et durable».

Hier, à Iavoloha, le Président a ajouté que l’initiative est aussi pour démontrer la volonté étatique d’accélérer la transition et «la transformation» énergétique. Il s’agit aussi de démontrer l’engagement de l’État et ainsi d’accélérer la réalisation du projet. «Je suis convaincu que le signal fort envoyé par l’État malagasy, aujourd’hui, en prenant une position active dans le capital, passant de 20 % à 49 %, contribuera à avancer rapidement vers les prochaines étapes de concrétisation du projet», soutient ainsi Andry Rajoelina.

Closing financier

D’une capacité initiale de 120 mégawatts, extensible jusqu’à environ 200 mégawatts, Sahofika est l’un des plus importants projets énergétiques du pays. Il s’agira, d’autant plus, d’une énergie propre. Il a été initié depuis plus de dix ans. Le barrage hydroélectrique sera installé sur la rivière Onive, du côté d’Antanifotsy, à une centaine de kilomètres de la capitale. Sa production sera injectée dans le Réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA). Il pourra aussi approvisionner Antsirabe, Fianarantsoa et Toamasina.

Les contrats de construction, de concession et d’achat d’énergie avec NEHO ont été signés le 15 novembre 2021, au palais d’État d’Iavoloha. Une étape qui devait ouvrir une voie royale à la réalisation du projet Sahofika. Cependant, coup de théâtre, en 2023, le groupe Eiffage, qui faisait partie du consortium, a été retiré du projet. La décision, affirmée comme étant issue «d’un commun accord», fait suite à une initiative qualifiée «d’unilatérale et inexpliquée» d’Eiffage d’augmenter à 40 % les coûts de construction.

Le rôle d’Eiffage dans NEHO devait être de mener les études de faisabilité, de fournir les équipements et de construire les infrastructures. Depuis qu’il a été écarté, la mise en œuvre de Sahofika patine. Le consortium peine à boucler les financements du projet. Depuis le début du projet, les analyses de coûts divers pour chacune des parties prenantes ont déjà constitué le principal goulot d’étranglement n’ayant pas permis le closing financier. Avant la signature des contrats, en novembre 2021, la réalisation du projet avait déjà accusé deux ans de retard.

«Nous avons tout mis en œuvre pour que ce projet se réalise depuis le début de mon mandat, mais vous connaissez les raisons pour lesquelles nous n’avons pas pu le mettre en œuvre jusqu’à aujourd’hui, ce projet qui est la clé du développement de Madagascar. Nous avons perdu plus de cinq ans», regrette le président de la République dans sa prise de parole d’hier. “Je souhaite vraiment qu’on travaille main dans la main et qu’on puisse lever les barrières afin d’avancer et de concrétiser ce projet», a-t-il ajouté.

Sur son compte Instagram, le chef de l’État rappelle que le financement du projet de la centrale hydroélectrique de Sahofika se chiffre à 960 millions de dollars. À entendre les explications d’Olivier Jean-Baptiste, ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, bien que l’engagement actif de l’État dans le consortium NEHO devrait donner un coup de boost à la mise en œuvre du projet, les financements ne sont pas pour autant bouclés. Optimiste, le membre du gouvernement indique toutefois que le chantier devrait débuter l’année prochaine. À condition qu’il n’y ait pas une nouvelle déconvenue.

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. Un crève-cœur qui fait une plaie béante à cause de l'irresponsabilité , l'inaction et la cupidité de ce régime pourri responsable d'une perte de chance pour l'indépendance énergétique du pays . Un président Français de Madagascar qui a la rancune tenace quitte à piétiner les principes sacro-saints de la continuité de l'état et son entourage proche avide de rétrocommissions et de pots de vin . Le pays va payer au prix fort ces méfaits avec ces six bonnes années perdues pour ce projet sur les rails en 2019 . Ce fonds souverain d'une opacité totale interrogeant les bailleurs de fonds traditionnels et pointé du doigt par la société civile . Très regrettable et analysons :
    Madagascar, une île aux richesses naturelles exceptionnelles, dispose d’un potentiel hydroélectrique colossal estimé à environ 7 800 MW, faisant d’elle l’un des pays africains les plus prometteurs dans ce domaine. Pourtant, moins de 2% de ce potentiel est exploité, selon le dernier Rapport pays 2024 de la Banque africaine de développement (BAD). Ce chiffre est alarmant, d’autant plus que l’exploitation des énergies renouvelables est cruciale pour un développement durable et une réduction de la dépendance aux énergies fossiles.
    Ce retard dans l’exploitation de l’hydroélectricité a des répercussions importantes sur l’économie malgache. La BAD et le Fonds monétaire international (FMI) soulignent que la faible production d’énergie propre freine l’investissement et limite la transformation structurelle du pays. À l’heure où l’Afrique et le monde entier cherchent à réduire les émissions de carbone, Madagascar continue de dépendre à 55% d’un parc thermique coûteux et polluant pour la production d’électricité .
    L'histoire retiendra des manquements graves de ce pouvoir pour une politique d'accès à l'électricité d'une grande majorité des Malgaches qui risque encore de connaître les affres des délestages durant quelques années .

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