CARREFOUR DES ENTREPRENEURS - Le « Made in Indian Ocean » comme fer de lance

Le carrefour des entrepreneurs de l’océan Indien célèbre cette année ses 25 ans d’existence.

Le Carrefour des entrepreneurs de l’océan Indien fête ses 25 ans. Pour son président, Xavier Desplanques, miser sur une marque régionale peut renforcer le développement de la zone.

Le carrefour des entrepreneurs de l’océan Indien célèbre cette année son quart de siècle d’existence. Xavier Desplanques, président de ce club des affaires qui compte mille quatre cents membres à travers toute la région, estime qu’exploiter les complémentarités économiques régionales et créer une marque « Made in Indian Ocean » peut contribuer au développement économique de l’océan Indien.

C’est l’une des aspirations du carrefour des entrepreneurs de l’océan Indien : mettre en place une synergie pour créer une marque « Made in Indian Ocean ». Cela, dans un contexte où le développement des économies de la région est très asymétrique, et où chaque pays produit de son côté. La création de ce type de label pourrait mutualiser les forces des pays de l’Indianocéanie.

« Dans chaque pays, l’objectif est le même : favoriser la production locale et, si possible, sa vente, au moins dans la région. Notre idée, c’est de laisser les “Made in” nationaux se développer, tout en accompagnant la mise en place rapide d’un label commun “Made in Indian Ocean”. Si nous voulons faire rayonner nos économies respectives et dépasser le cadre national, il faut développer une marque régionale commune », explique Xavier Desplanques dans une interview accordée à L’Express.

Favorables

Pour concrétiser cette idée, plusieurs initiatives doivent être mises en place par les décideurs, notamment en matière de cadre commercial et juridique. Une synergie qui pourrait également s’appuyer sur la libre circulation des personnes et des marchandises à travers la région.

Lors des récentes manifestations économiques accueillies par Madagascar, les décideurs et opérateurs économiques se sont montrés favorables à cette idée de mutualiser les forces de chaque pays et, pourquoi pas, de créer un label océan Indien. En témoignent les résolutions adoptées lors du CEO Summit en décembre dernier ou, plus récemment, les discussions sur la souveraineté alimentaire engagées lors du Ve sommet de la COI à Antananarivo.

La région dispose de potentiels et de ressources exploitables, à condition de savoir les mettre en commun : terres arables, capital humain et compétences. Des atouts d’envergure, mais un potentiel souvent freiné par les enjeux territoriaux et politiques, comme le déplore Xavier Desplanques : « Les problèmes politiques de souveraineté dans l’océan Indien freinent le développement économique régional et la coopération privée à l’échelle de la région. Notre souhait, c’est de créer une zone économique préférentielle où l’on ne parle que d’économie. Une zone où, sur les six îles, les normes exigées pour exporter, par exemple, les produits alimentaires de Madagascar vers les autres îles soient allégées », indique-t-il.

Faut-il rappeler que l’océan Indien est une région composée de 35 millions d’habitants et d’un PIB de 65 milliards de dollars, dont plus de la moitié provient des échanges entre la Grande Île et l’île Maurice. Assouplir les normes permettrait d’accroître les exportations transversales dans la région.

Dans un contexte où les échanges intrarégionaux sont encore très faibles (environ 5 %, avec des estimations globales entre 2 et 6 %), l’harmonisation des politiques fiscales, douanières et normatives permettrait de dynamiser le commerce régional et de constituer un levier de développement.

Selon les projections des experts, l’océan Indien comptera plus de 50 millions d’habitants en 2040, pour un PIB estimé entre 90 et 100 milliards de dollars, dont 35 % représentés par la Grande Île. Le potentiel du marché régional est bien réel. Mais les économies ne progressent pas à la même vitesse. Les opérateurs économiques et les décideurs sont unanimes : il faut dépasser les frontières et créer une synergie capable de faire décoller les échanges intrarégionaux.

Itamara Otton

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