ANTSIRANANA - La vente illicite de médicaments s’intensifie

Les médicaments sont exposés avec des marchandises aux marchés.

Dans la ville d’Antsiranana, la vente de médicaments hors circuit légal ne cesse de se développer. Il est désormais courant de croiser, dans les rues, sur les trottoirs ou dans les marchés urbains, des individus proposant toutes sortes de produits pharmaceutiques à la vue de tous, à des prix défiant toute concurrence.

Avec des paniers en plastique ou en paille posés à même le sol, ces vendeurs sont devenus des figures familières des marchés, des quartiers populaires et même des zones rurales. Ils écoulent une grande variété de médicaments : paracétamol, ibuprofène, antibiotiques, antipaludiques, sirops contre la toux, vitamines, antidiabétiques, etc. Ils approvisionnent également les épiceries de quartier, sillonnent les zones rurales et sont partout présents lors des marchés hebdomadaires dans les communes environnantes.

À première vue, ces vendeurs représentent une alternative accessible pour une population confrontée à la cherté des soins médicaux et à la précarité sociale. Pourtant, cette pratique, bien que largement répandue, constitue une réelle menace pour la santé publique.

Ces médicaments sont souvent vendus sans ordonnance, parfois même sans emballage, exposés aux intempéries et à la chaleur. Échappant à tout contrôle sanitaire, ils peuvent provoquer des effets indésirables graves, voire mortels.

Réseaux criminels

L’essor de ce marché parallèle s’explique par plusieurs facteurs, tels que la pauvreté, le coût élevé des soins dans les structures de santé officielles, la méfiance envers le système médical, l’ignorance des risques liés à l’automédication... Pour beaucoup, se rendre à l’hôpital ou consulter un médecin est devenu un luxe inaccessible.

Mais au-delà des risques sanitaires, ce commerce alimente également des réseaux criminels. Des consommateurs dénoncent déjà des cas de falsification de dates de péremption, de reconditionnement frauduleux ou encore de revente de médicaments périmés.

Selon un médecin interrogé, les dangers sont nombreux, à savoir les posologies approximatives, les interactions médicamenteuses dangereuses, l’absence de suivi médical… L’automédication incontrôlée affaiblit les patients, complique le travail des professionnels de santé et peut aggraver les pathologies. À long terme, elle favorise aussi l’émergence de résistances aux antibiotiques.

Circuit à grande échelle

La prolifération des médicaments illicites sur les trottoirs malgaches n’est pas le fruit du hasard. Ce marché parallèle est alimenté par des circuits bien établis, bien identifiés, parfois protégés « en haut lieu », selon certaines sources. Des vendeurs de Bazarikely affirment même recevoir leurs stocks directement de fournisseurs basés dans la capitale.

« Nous nous approvisionnons directement dans la capitale. Les produits sont en abondance et toujours disponibles. Nous avons toutes sortes de médicaments, même ceux qui ne sont pas disponibles en pharmacie. Aucun des produits que nous vendons n’est périmé, même les médicaments expirant en 2025 ne sont plus mis en vente ; nous ne vendons que ceux dont la date de péremption va au-delà de 2027 », affirme un vendeur du marché près du quartier La Vallée Rose, qui souhaite l’anonymat. Tout en confiant que, jusqu’ici, ils ne sont pas encore poursuivis par les pharmacies ou la police municipale. Cependant, seuls les agents de la police judiciaire interviennent parfois, mais ils trouvent toujours un arrangement pour les faire taire.

Raheriniaina

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