ÉLECTION DU NOUVEAU PAPE - La continuité ou le retour du conservatisme pour l’Église catholique ?

Pour être élu, le nouveau pape devra obtenir au moins les deux tiers des suffrages des cardinaux votants.

Le pape François a été inhumé à l’issue d’une émouvante cérémonie, samedi. Dans la foulée, ont débuté les neuf jours de prière pour l’âme du Saint-Père, avant l’ouverture du conclave pour l’élection de son successeur.

« Habemus Papam », qui signifie « nous avons un Pape ». C’est en ces mots que le cardinal protodiacre, ou premier diacre, annoncera officiellement depuis le balcon central de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, l’élection du nouvel évêque de Rome.

Une annonce attendue par les fidèles catholiques du monde entier, mais aussi suivie par les non-catholiques et les acteurs politiques. Il faudra toutefois faire preuve de patience avant de voir la fumée blanche s’élever de la cheminée de la chapelle Sixtine, indiquant que le collège des cardinaux est parvenu à élire un nouveau Pape. Un processus strictement codifié, prévu par la Constitution apostolique Universi dominici gregis, promulguée en 1996 par Jean-Paul II, doit être scrupuleusement respecté. Un processus entamé dès le décès du pape François, laissant vacant le siège apostolique.

Depuis l’annonce du décès du pape François, la question de sa succession nourrit spéculations et commentaires. Le collège des cardinaux choisira-t-il de poursuivre la dynamique enclenchée par le pape argentin, ou préférera-t-il un retour à une Église plus ancrée dans ses traditions ?

Premier pape jésuite de l’histoire, ancien archevêque de Buenos Aires, François était considéré comme progressiste. Il appelait à une Église pauvre, proche des fidèles, et défendait inlassablement la cause des plus démunis, des vulnérables et des opprimés. Le pape François n’hésitait pas à intervenir sur des enjeux globaux, tels que le changement climatique, les droits des migrants ou encore les conflits armés à Gaza et au Soudan. Il abordait de front des sujets délicats, comme les affaires de pédocriminalité au sein de l’Église. Durant ses tournées apostoliques, il avait également renforcé le dialogue interreligieux.

Son pontificat a fait bouger les lignes. Selon les spécialistes du Vatican, sa vision pèsera sur l’élection de son successeur. Les cardinaux rappellent cependant que leur choix sera avant tout guidé par l’Esprit Saint. Ils chantent d’ailleurs une invocation à l’Esprit Saint en procession avant chaque conclave.

Le profil du futur pape influencera l’Église sur des questions majeures. Le choix d’un cardinal attaché à une fidélité rigoureuse à la tradition pourrait marquer une volonté de renforcer l’unité doctrinale et la stabilité, dans un monde en constante mutation.

Une première

L’« Église universelle », appellation que le Saint-Siège utilise pour désigner l’Église catholique, rassemble plus d’un milliard quatre cents millions de fidèles sur tous les continents. Dans des pays comme Madagascar, son influence sociale, culturelle et parfois politique reste déterminante.

Si le dogme reste intangible, chaque pape imprime sa marque dans la gouvernance de l’Église, avec des échos jusque dans la sphère politique internationale. Le vent politique mondial pourrait également souffler sur le conclave. Depuis quelques jours, une liste de « Papabili », candidats pressentis à la papauté, circule. Deux cardinaux africains et un asiatique y figurent — une première. Cette liste regroupe des figures jugées progressistes, conservatrices, et même quelques profils réputés très conservateurs. 

Certains craignent que l’Église opère un recentrage conservateur. Pour d’autres, un tel choix incarnerait la volonté de préserver l’unité interne et la fidélité aux fondements de la foi. À ce stade, tout ce qui entoure l’élection du futur souverain pontife relève de l’hypothèse.

Traditionnellement, rares sont les Papabili effectivement élus. Il faudra attendre la fin du conclave pour être fixé. Avant l’ouverture du conclave, deux périodes liturgiques importantes sont en cours. La « Novendiali », marquée par neuf jours de messes en suffrage du pape défunt, a débuté immédiatement après l’inhumation. Parallèlement, une période de « quinze jours pleins » a commencé dès le jour du décès, pour permettre aux cardinaux électeurs de rejoindre Rome. Seuls les cardinaux de moins de 80 ans auront le droit de participer au scrutin.

Quoi qu’il en soit, l’élection devra débuter dans les vingt jours suivant la vacance du siège apostolique. Jusqu’à l’ouverture du conclave, se tient « la congrégation générale des cardinaux ». Durant ces réunions, comme le prévoit la Constitution apostolique, « chacun pourra exprimer son opinion sur les questions à traiter, demander des éclaircissements en cas de doute, ou formuler des propositions ». Selon les spécialistes du Saint-Siège, c’est lors de cette congrégation générale que pourraient émerger les véritables favoris. Le pape François y avait, en son temps, laissé une impression marquante qui avait contribué à son élection après seulement deux jours de conclave.

Garry Fabrice Ranaivoson

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