Monique Claudine Rasoanirina Andreas est née et a grandi à Fort-Dauphin.
De sa première scolarité à l’école protestante de Fort-Dauphin, elle se souvient de sa «prof» Vazaha qui l’aida à surmonter son complexe à ne maîtriser ni l’orthographe ni la grammaire françaises. Elle s’améliora tant et si bien qu’elle put passer le certificat d’études en même temps que son frère ainé, au grand dam de celui-ci.
C’était une époque où les garçons rejoignaient leur école de Farafangana après cinq jours de marche depuis Fort-Dauphin. Une époque également où les jeunes filles de Fort-Dauphin avaient uniquement le choix entre devenir sage-femme (alors qu’elle ne supportait pas la vue du sang) ou entrer dans l’administration. Le «modèle» d’alors était de faire Avaradrova, l’ancienne École Normale, à Antananarivo. C’était une époque, enfin, où un chef-lieu de district comme Ampanihy avait son «hall d’informations» bien achalandé en revues comme «Paris-Match» ou «Ici Paris» et le Journal Officiel, ce qui permettait aux locaux de vivre sans décalage culturel abyssal avec la Capitale.
Malgré quatre années d’études à l’École de médecine de Befelatanana, son père fut recalé par l’administration coloniale, payant l’appartenance de son frère au MDRM. C’est ainsi qu’il se «résigna» à passer le concours de police, devenant par la suite l’un des cinq premiers Malgaches Commissaires de police, formés à Lyon.
La carrière de son père l’amena à quitter Fort-Dauphin, au grand regret de toute la famille qui dut donc le suivre à Tuléar, avant une autre affectation à Fianarantsoa, mais sans jamais rompre les liens avec le Fort-Dauphin de leur enfance.
De ces jeunes années, elle aura retenu les exigences paternelles à parfaire leur éducation : après le tour de mer, à bord de la Peugeot 203 familiale, séance d’études obligatoires sur la terrasse de la maison avec ce leitmotiv : «l’instruction en héritage».
Après le Lycée moderne et technique de Tuléar, elle poursuivit ses études au lycée de Fianarantsoa où elle passa le baccalauréat avant de rejoindre Antananarivo pour s’inscrire à la Faculté de Droit. Après la mort de leur père, elle se résolut à combiner les études et un travail salarié pour aider leur mère. C’est à cette époque qu’elle fit la connaissance de Marcel Razanamasy, son patron à la «Coopération», qui l’autorisait à suivre les cours de Droit, de 7 heures à 10 heures, avant de rejoindre son travail.
L’opportunité se présenta de passer le concours d’élève-inspecteur des impôts, et elle partit étudier à l’ENST (École Nationale Supérieure du Trésor) à Paris. Elle fit le choix de cette scolarité en deux ans, plutôt que celle d’expertise comptable qui demandait cinq ans, parce qu’il lui fallait aider sa mère à assumer les études de ses cinq cadets.
Après des postes de Directeur, Directeur Général et Secrétaire Général du Ministère de la Population ou de Directeur Général au Ministère du Budget, Monique Andreas sera nommée Ministre de la Décentralisation (2002-2004). Sa plus grande fierté reste cependant d’avoir été, et à jamais, la première femme à présider aux destinées de la COI (Commission de l’Océan Indien) comme Secrétaire Générale (2004-2008). Quelques jours avant son décès, elle avait été nommée au sein du Conseil de l’Ordre National Malagasy, au titre de la province de Tuléar.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja