La conjoncture à Toliara, après les manifestations de rue, s’enchaîne avec de véritables « chasses à l’homme ». Des personnalités en sont victimes.
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Le terrain de basketball et de volleyball ne porte plus le nom de Danitsaike, chef Cisco de Toliara I. |
Le soulèvement populaire à Toliara ne s’est pas arrêté à l’empêchement d’Andry Rajoelina. Il se poursuit avec la désapprobation publique de certaines personnalités et autorités locales. Mercredi, le président du fokontany d’Ambohitsabo a été « empêché » par des habitants. De bon matin, une marche s’est formée dans les ruelles et rues d’Ambohitsabo, partant de Besakoa jusqu’à l’avenue Ave Maria. Les rangs ont grossi au fur et à mesure qu’elle avance, pour finir devant le bureau du fokontany d’Ambohitsabo.
Les manifestants ont scandé des slogans appelant au départ de l’actuel président du fokontany et ont réclamé le retour de l’ancien. Pour finir, ils ont barricadé les portes et les fenêtres du bureau avec des planches et des clous. Jusqu’à hier, le local est resté fermé. Il faut désormais l’avis de la préfecture pour statuer sur le cas.
L’actuel chef de la circonscription scolaire (Cisco) de Toliara I, également président des chefs Cisco de Madagascar, fait lui aussi l’objet d’une « chasse». Depuis une semaine, les critiques et les appels à sa démission inondent les réseaux sociaux. Il est tout simplement accusé de faire obstacle aux revendications des enseignants, qui demandent de meilleures conditions. Bien que le chef Cisco se soit opposé à l’arrestation- jugée arbitraire- d’un directeur de CEG au cours des manifestations estudiantines, et que le personnel de la direction régionale de l’Éducation nationale d’Atsimo Andrefana ait été « forcé » à rejoindre le mouvement, sa démonstration de solidarité n’a pas suffi aux yeux de ses collègues.
Pire encore
Un nouveau terrain de basketball et de volleyball portait son nom à Sanfily. Ce terrain a été aménagé grâce à l’aide de partenaires financiers et administratifs, et le chef Cisco en a été l’un des principaux instigateurs ainsi qu’un des piliers du projet. Toutefois, l’enseigne a été retirée jeudi, de sorte que le terrain ne porte plus son nom.
Le gouverneur de la région Atsimo Andrefana, Edally Ranoelson, est lui aussi vivement critiqué sur les réseaux sociaux. Il est accusé de ne pas avoir su protéger les populations de Benetsy et d’Ankilimalinike lors des contestations contre le projet Base Toliara. Des personnes ont perdu la vie lors des affrontements avec les forces de l’ordre et des membres du comité villageois « Voromahery », créé pour faire régner l’ordre dans cette localité du district de Toliara II.
En poste depuis six ans, le gouverneur est reproché d’avoir abandonné la population d’ethnie masikoro, à laquelle il appartient. Des rumeurs ont même circulé selon lesquelles le premier responsable de la région se serait retranché dans sa terre natale, au nord de Toliara. Une information rapidement démentie par le responsable de la communication de la région Atsimo-Andrefana : « Le gouverneur est présent à son bureau à Mitsinjo, tous les jours », affirme Daniel Revony.
Une autre personnalité politique, en la personne de Tinoka Roberto Raharoarilala, député de Toliara I, fait elle aussi l’objet de critiques virulentes, aussi bien dans la rue que sur les réseaux sociaux. Piscine olympique, problèmes fonciers, revirement sur le dossier Base Toliara, entre autres, sont les sujets brûlants évoqués sur la place de la démocratie, à l’avenue Monja Jaona. Il était à Toliara récemment, mais a quitté la ville depuis une semaine.
MiotiSoa Mare