Une île dans une ville

Antananarivo a-t-elle un avenir ? Serait-elle vouée à disparaître comme Pompéi ? Il y a de quoi être pessimiste en constatant la situation catastrophique à chaque tombée de la pluie. Que de trombes d’eau dans toutes les rues. Aucun quartier n’est plus épargné. La capitale ressemble à une île dans une ville où les rues ont disparu.

Sans plan d’urbanisme, avec la prolifération des constructions illicites, l’incivisme et l’indiscipline de la population, les remblais et une démographie galopante, il y a peu de place pour l’espoir de voir la capitale retrouver une ère nouvelle. Les édiles successifs ont beau promettre monts et merveilles, faire des plans, la mission semble impossible. Quelles que soient les mesures prises, quelles que soient les solutions envisagées, Antananarivo semble définitivement condamnée à une rapide désagrégation et finira par devenir un ghetto où il n’y aura plus de place pour la quiétude, l’ordre et la propreté.

Il faudra dans tous les cas démolir en série et sans concession si l’on veut redonner une seconde vie à la capitale. On ne peut plus se contenter des demi-mesures, des mesures de complaisance pour des raisons sociales ou politiques, ni des décisions motivées par des visées électorales pour redresser la première ville du pays. Il faudra raser des quartiers entiers à coup de bulldozer et reconstruire avec un plan et un schéma d’urbanisme réfléchis, et suivant les normes exigées. C’est ainsi que les grandes villes ont été bâties. Il a fallu l’audace et la volonté d’un certain Georges Eugène Haussmann pour élargir les rues étriquées de Paris et moderniser la ville au XVIIe siècle.

La ville de Shanghai a également subi une véritable métamorphose de la même envergure pour avoir une allure moderne en l’espace de vingt ans. On peut toujours rêver, mais sans une politique volontariste et déterminante, Antananarivo vit une mort lente. Elle commence déjà à être abandonnée par ses habitants qui s’installent dans les périphéries où il fait encore bon vivre, même sans eau et sans électricité. Avis aux amateurs.

Sylvain Ranjalahy

1 Commentaires

  1. Très bon article, on peut aussi comparer la situation avec celle des grandes villes américaines de l'ouest ou les centre-villes n’accueillent plus que les centres administratifs et les populations les plus pauvre, les classes moyenne et supérieure s'installant dans les banlieues périphériques. Il s'agit bien d'une question de courage politique car les bailleurs de fonds internationaux suivraient une politique volontariste de reconstruction de la capitale.

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