Ces peuples arabes migrants du Sud

On les reconnaît à visage, ces ancêtres arabes des peuples du Sud.

Les Zafiraminia, peuplade de l’Océanie de souche arabe, semblent être à l’origine de plusieurs groupes ethniques du Sud malgache. Pour certains historiens, ils débarquent dans les îlots qui parsèment l’extrême Sud-Est, y habitent- Antanosy signifiant îliens- et y font souche. Plus tard, ils remontent plus au Nord et au Centre pour s’y établir et laissent également des descendants.

Un des principaux groupes ethniques du Sud-Est, les Antemoro, qui occupent le pays entre le fleuve Namorona- d’où probablement l’origine de leur nom- et l’Andranambo, au nord de Farafangana, sont,,dans tous les cas, des descendants d’Arabes immigrés entre les XVIIe et XIVe siècles. De leurs ancêtres, ils conservent l’habitude d’écrire en caractères arabes, une « inclination bien marquée à la doctrine fataliste » (Régis Rajemisa-Raolison, « Dictionnaire géographique et historique de Madagascar) ») et s’abstiennent de manger de la viande  de porc. Jusqu’à ce jour, ils détiennent le secret de fabrication du vrai papier antemoro.

Les Bara qui occupent le territoire compris entre le Zomandao au Nord, la forêt tanala à l’Est, l’Onilahy au Sud-Est, le plateau d’Analavelona à l’Ouest et au Nord, sont aussi considérés par certains historiens comme des descendants des Zafiraminia. Ceux-ci sont divisés en deux principales branches quand ils arrivent dans le centre du pays : les Zafirambo qui donnent souche aux Tanala du Sud, et les Zafimanely, ancêtres des Bara. 

Ces derniers, de leur côté, forment une dizaine de grands clans qui se réclament chacun d’un ancêtre célèbre. Au centre, se trouvent les Bara Be, les Bara Tsienimbala et les Bara Iantsantsa ; au Nord, les Bara Imamono, les Bara Manongo et les Bara Mahevy ; à l’Ouest, les Bara Manamaty et les Bara Ambiliony.

Cependant, d’autres historiens tels Ferrand, rapporté par Louis Michel en 1957, avancent que « le nom tribal de Bara ne serait ni malgache ni indonésien, mais peut être rapproché du nom tribal « mbara » ou « mbala » à l’ouest de Nyassa ». Ainsi, selon ces auteurs, les Bara sont plutôt originaires d’Afrique. Leurs ancêtres conduits par un certain Rabiby se heurtent aux Vazimba. 

À la mort de celui-ci, son fils Ndriamanely lui succède, mais il est à nouveau repoussé par les Vazimba. Ndriamanely doit alors quitter la côte pour l’intérieur des terres, jusqu’à ce qu’il arrive dans une contrée déserte, à l’est d’Ivohibe. Toutefois, le pays y est trop pauvre et il fléchit encore plus au Sud, à Ranotsara où il fixe son peuple et où il meurt.

C’est son fils Ndrian-tompoinarivo qui prend sa suite. Celui-ci a trois fils, Ramasoandro, Tonanahary et Tsimivola qui, de plein accord avec leur père, se taillent chacun un royaume où ils règnent sur ceux des Bara qui les suivent. C’est ainsi que le peuple bara est divisé en trois royaumes. 

Celui d’Ivohibe, considéré comme leur berceau historique, est dirigé par Ramasoandro. Ce sont les Bara Iantsantsa. À Ranohira, Tonanahary règne sur les Bara Imamono. Le troisième groupe est connu,  sous le nom de Bara Bory. Pourtant, certains auteurs affirment que ceux-ci ne sont pas de race bara, mais plutôt des Betsileo qui, chassés de leur pays par des guerres civiles, demandent asile auprès de leurs voisins. Sous Radama Ier, les Imériniens établissent, sur l’ensemble des Bara, une souveraineté représentée par des gouverneurs. Ceux-ci résident dans plusieurs villes, dont Ihosy.

Toujours dans le Sud-Est, il existe aussi un autre groupe ethnique assez important. Il occupe le terri-toire limité par le Mana-tsimba au Nord, l’Ionaivo à l’Ouest et l’Iavibola au Sud. Il s’agit des Antesaka. On les dit issus d’un métissage arabe et sakalava. Ils émigrent de l’Ouest vers le XVIIIe siècle. On distingue, parmi les Antesaka, deux castes, l’une noble, celle de Rabehavana, l’autre serve, les Zafimananga. 

En revanche, les Antefasy dont le pays est limité au Nord par celui des Antemoro et au Sud par celui des Antesaka, sont, selon l’hypothèse de Grandidier, des descendants d’Indiens qui immigrent au XVIe siècle.

Pela Ravalitera

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