Deux heures entre Antaninandro et Tsiazotafo. Via Ankaditapaka, Ambatomitsangana, Ankadifotsy, Ambodivona, Andravoahangy, re-Ankaditapaka, Behoririka. Comme des centaines d’automobilistes pris au piège.
Il n’est même pas intéressant de savoir comment ce conducteur avait pu retourner sa voiture à Tsarasaotra. En soi, un exploit incroyable mais vrai. Mais, le plus incroyable est que ce simple accident au Nord ait pu tout bloquer en amont : Alarobia, Ivandry, Ankorondrano, Antanimena, Ankadifotsy, Andravoahangy, Besarety, Antaninandro, Tsiazotafo…
Plusieurs heures pour dégager la voie. Faute de moyens de levage. Par l’anachronisme également des textes. La technologie moderne devrait permettre de relever au millimètre chaque détail pour de futures investigations sans qu’il faille immobiliser le quart de la Ville.
Aussi, quand toutes les rues convergent vers un seul exutoire, il est inéluctable que se crée un goulet d’étranglement. Alarobia-Tsarasaotra, Andohatapenaka, Anosizato, Ankadimbahoaka, Ambanidia, Mahazo, Analamahitsy-Ambohitrarahaba.
Et chaque goulet est d’autant pris d’assaut que la moitié du parc automobile de Madagascar circule dans Antananarivo. Une ville configurée pour 500.000 habitants (iray hetsy, dimampolo alina) saturée par bientôt dix fois la capacité raisonnable de son site.
Les deux heures pour l’embouteillage à se mordre la queue entre Antaninandro et Tsiazotafo ne sont qu’un aspect supplémentaire du même problème que devient chaque jour la Capitale.
Comment loger et loger décemment le surcroît quotidien de population. Comment organiser la circulation de milliers d’automobiles sur un réseau qui n’a pas beaucoup évolué depuis la route circulaire et les deux tunnels de l’époque coloniale. Comment recalibrer des égouts initialement programmés pour une maison à deux étages entre-temps temps devenue, souvent sans permis de construire, un immeuble à plusieurs appartements. Où trouver de l’eau potable pour tant de monde surtout que les zones humides ont fait place au béton et au bitume.
À ce moment de l’inventaire, la question du changement climatique en serait presque anecdotique. Surtout que la coupe des arbres (dans les jardins privés comme sur les tanety) est l’autre sport national avec les feux de brousse.
Avant qu’Antananarivo, celle du laisser-aller et du laisser-empirer, ne devienne véritablement le problème de ce pays, il faudra se poser la question de la viabilité d’une Ville-aux-mille-villages qu’on regarde enfler en ville-province, en ville-pays.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja