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Table ronde économique sur le Dialogue Public-Privé le 17 octobre. |
Madagascar a encore de gros efforts à produire pour améliorer son climat des affaires afin de mieux accompagner le développement des entreprises déjà en activité et attirer davantage d’investisseurs. Dans ce cadre, le Dialogue Public-Privé joue un rôle de premier ordre pour identifier ensemble les améliorations à apporter.
La 7e édition de la Table ronde économique, organisée conjointement par le ministère de l’Industrialisation et du Commerce et la délégation de l’Union européenne à Madagascar, s’est tenue le jeudi 17 octobre à Antananarivo. Cette table ronde a pu se réaliser à travers l’appui apporté par le Programme Clim-Invest, avec pour thème « Le Dialogue Public-Privé (DPP) à Madagascar : où en sommes-nous ? ». Le secteur privé, par le biais notamment du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM), a participé à cette rencontre qualifiée de stratégique dans le cadre des efforts pour améliorer le climat des affaires dans la Grande Île.
Près de quatre-vingt participants ont été présents à ce rendez-vous annuel, en présence de personnalités de premier plan dont David Ralambofiringa, le ministre de l’Industrialisation et du Commerce, Olivier Jean-Baptiste, le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Roland Kobia, l’ambassadeur de l’Union européenne à Madagascar, ou encore Josielle Rafidy, la directrice générale de l’Economic Develpment Board of Madagascar (EDBM). Le président du GEM et co-président du Comité de Pilotage (COPIL) du programme Clim-Invest, Francis Rabarijohn, a prononcé un discours au nom de l’ensemble du secteur privé lors de l’ouverture officielle.
Dans son intervention, Francis Rabarijohn a dressé un bilan des réalisations depuis la mise en place du cadre institutionnel du DPP en 2014. Parmi les résultats concrets, il a évoqué les réformes adoptées pour améliorer le climat des affaires, telles que la simplification des démarches administratives, la fluidification du passage portuaire à Toamasina, ainsi que la révision en cours du régime des Zones et Entreprises Franches (ZEF). Le patron des patrons a aussi souligné la mise en place d’une Task Force commune entre la Présidence de la République de Madagascar et le GEM. En outre, il a noté la consultation du secteur privé lors de l’élaboration du Projet de Loi de Finances Initiale 2025 (PLFI 2025).
Cependant, nombre de défis sont encore à surmonter, tels que la nécessité d’instaurer une confiance durable entre les acteurs publics et privés, l’importance d’impliquer davantage le secteur privé en amont des décisions. Le secteur privé attend notamment une prise en compte effective de ses propositions dans l’élaboration des politiques publiques, une participation active à la définition des stratégies économiques nationales, ainsi que l’accélération des processus de réformes fiscales en cours, en particulier en ce qui concerne le dialogue relatif aux procédures de contrôles fiscaux. Il souhaite aussi qu’une attention particulière soit accordée à la levée des blocages qui entravent l’entrée en opération des projets miniers. Le GEM qui a mis à profit cette rencontre pour réitérer son engagement dans le processus du Dialogue Public-Privé
Des réformes engagées
Les représentants du secteur public ont pris note des attentes des entreprises et ont aussi réitéré leur engagement à améliorer le climat des affaires dans un esprit d’écoute et de partenariat. Pour sa part, l’EDBM, dans son rôle d’agence de promotion des investissements, a affirmé mener des réformes pour la mise en place d’un environnement favorable aux affaires, la facilitation et l’assistance de projets d’investissements ainsi que la promotion des opportunités d’investissements.
Afin de remplir convenablement ses missions, l’EDBM a indiqué lancer le processus de recrutement d’un consultant chargé des réformes. Selon les explications fournies, cette action entre dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de Réformes liées au climat des investissements (PRECI) qui est appuyé par l’Union Européenne. Le consultant recruté sera impliqué dans les travaux nécessaires pour l’identification des réformes prioritaires et la validation et le lancement des actions prévues par le plan d’actions réformes liées au climat des affaires. On sait en outre que le grand défi sera la mobilisation des ressources techniques et financières pour la mise en œuvre du plan d’actions.
Différents groupes de travail sur les réformes liées au climat des affaires seront mis sur pied et les indicateurs de compétitivité du pays seront créés ou réactualisés. Un autre objectif lié à cette initiative de réformes est l’amélioration de la mise en œuvre des projets financés par les Partenaires Techniques et Financiers. On constate par ailleurs que l’EDBM multiplie les sorties pour mieux faire connaître sa raison d’être. Cela a été le cas au mois de juin dernier lors du salon du tourisme (ITM 2024) où la directrice générale a effectué une intervention intitulée « Attirer, retenir et faciliter les investissements, missions clés de l’EDBM ».
Pour sa part, Tojo Ramamonjisoa, directeur des Réformes et du Développement du Secteur Privé de l’EDBM, a présenté le nouveau mécanisme guidant le processus du Dialogue Public-Privé (DPP), tout en rappelant le cadre légal donnant mandat à l’EDBM de coordonner et de piloter les dialogues. Il a mis en lumière les impacts concrets des dialogues menés depuis 2022. Quant à Adriannie Tamoha, directrice des Services aux Investisseurs, et Mialy Rakotoelison, coordinatrice du Guichet Unique, elles ont mis en avant les différents services de facilitation offerts par EDBM aux investisseurs nationaux et étrangers.
Déploiement de la plateforme ORINASA
Développée avec l’implication du ministère de l’Économie et des Finances, à travers la direction générale des Impôts et l’Institut National de la Statistique, ainsi que du ministère de la Justice via le Registre National du Commerce et des Sociétés, la plateforme ORINASA poursuit son déploiement. Elle est appelée, selon l’EDBM, initiateur et pilote du projet, à faciliter la création d’entreprise en réduisant les déplacements, les coûts et les délais des usagers souhaitant créer des entreprises à Madagascar. La plateforme fournit, entre autres, la liste des documents requis, un simulateur de frais et un outil de suivi garantissant une traçabilité dans les procédures. On sait en outre que cette initiative s’inscrit dans les efforts du gouvernement visant améliorer la qualité et l’accès aux services publics pour tous, notamment à travers la digitalisation, mais aussi la simplification des procédures.
Il s’agit aussi de sensibiliser et de former les services techniques déconcentrés (STD) et le secteur privé à l’utilisation de cette plateforme digitale de création d’entreprises. Dans ce cadre, l’EDBM a effectué des missions de formation sur l’utilisation de la plateforme au niveau de ses antennes régionales. Ces formations se sont tenues entre autres dans les Régions Boeny (à Mahajanga), Diana (Nosy-Be et Antsiranana), Atsimo Andrefana (Toliara), Atsinanana (Toamasina), Haute Matsiatra (Fianarantsoa) et Vakinankaratra (Antsirabe). Ces sessions ont permis aux bénéficiaires de se familiariser avec l’outil digital. En parallèle, des sessions de sensibilisation ont été offertes aux entrepreneurs et aux acteurs économiques régionaux issus du secteur privé pour les initier aux fonctionnalités d’ORINASA. « Cela vise à faciliter leur imprégnation de la plateforme et à assurer une transition fluide vers des processus simplifiés », a-t-on indiqué.
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Près de cinq cents entreprises ont été créées durant le 3e trimestre 2024. |
Délai d’immatriculation réduit
Pour le 3e trimestre de l’année 2024 (de juillet à septembre), un total de quatre cent quarante-quatre nouvelles entreprises a été immatriculé à l’EDBM. Ce dernier qui a aussi noté que le délai moyen d’immatriculation des sociétés a montré une amélioration significative, s’élevant à 1,8 jour, soit moins de 48 heures. Selon les responsables, le progrès obtenu au niveau du délai moyen d’immatriculation des sociétés est rendu possible grâce à l’efficacité du Guichet unique et de la plateforme digitale ORINASA, qui facilitent le processus de création d’entreprises en réduisant les délais et les déplacements.
On sait également que durant ce trimestre, 67% des sociétés immatriculées avaient des associés majoritaires malgaches. Parmi les entreprises à associés majoritaires étrangers, les principales nationalités représentées sont chinoises, françaises, indiennes, mauriciennes et pakistanaises. Avec 82,6% des entreprises créées dans le secteur tertiaire, Madagascar affiche un dynamisme fort dans les services, en particulier dans le commerce, l’immobilier et les TIC. En revanche, les secteurs secondaire et primaire ne comptent que 14,9% et 2,5% des entreprises immatriculées pour ce trimestre, soulignant la nécessité de développer les industries et de formaliser le secteur primaire.
La plateforme digitale ORINASA regroupe dix ministères, chacun représenté par des fonctionnaires détachés. Elle centralise les démarches administratives nécessaires à la création d’entreprises, tout en offrant également des services relatifs aux licences et aux diverses autorisations indispensables à leur fonctionnement. L’approche simplifie le processus, permet aux entrepreneurs de créer leur entreprise en ligne, réduisant ainsi les déplacements et les coûts tout en offrant un suivi en temps réel pour garantir la transparence des procédures.
RAPPORT « B-READY »
La Banque mondiale évalue le climat des affaires
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Madagascar multiplie les actions de promotion des investissements à l’étranger. |
Classée parmi les cinquante premières économies dans la première édition du rapport « Business Ready » (B-Ready) de la Banque mondiale, récemment publiée, l’évaluation du climat des affaires à Madagascar peut désormais s’appuyer sur des critères pertinents.
Si l’on se réfère à ce nouveau rapport présenté comme le successeur du Doing Business, force est de constater que la Grande Île a du chemin à faire pour pouvoir s’aligner aux meilleures destinations d’investissement. Dans le classement qui a été rendu public récemment dans le rapport B-Ready, Madagascar se trouve parmi les économies du « quintile inférieur». Autrement dit, l’environnement des affaires du pays, qui présente un score moyen de 39,9 sur 100, enregistre une faible performance.
Les économies incluses dans cette enquête sont classées en cinq groupes, selon leurs scores dans chacun des trois piliers retenus : le cadre réglementaire, les services publics et l’efficacité opérationnelle. Cette catégorisation permet aux décideurs d’identifier facilement les domaines à améliorer ainsi que les points forts de chaque économie analysée.
Si le quintile supérieur réunit les pays les plus performants, allant du 80e percentile aux valeurs maximales, le second quintile aligne pour sa part les économies classées entre le 60e et le 80e centile. Quant au niveau du quintile inférieur, catégorie dans laquelle se trouve Madagascar, il rassemble les économies dont le score est situé entre 0 et le 20e centile. Y figurent donc les pays les moins compétitifs en ce qui concerne le climat des affaires.
Selon toujours les éclairages fournis par la Banque mondiale, le cadre analytique du B-Ready sur le climat des affaires et des investissements s’est basé sur une dizaine d’indicateurs clés ainsi que des thèmes liés au cycle de vie des entreprises (création, emplacement, main-d’œuvre, insolvabilité…). Il y a également les éléments comme les services d’utilité publique, les services financiers, le commerce international, la fiscalité, le règlement des litiges ou encore la concurrence sur le marché.
VERBATIM
Josielle Rafidy, directrice générale de l’EDBM
« Les actions de l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM) s’inscrit dans la vision à long terme du gouvernement pour accélérer le développement du pays en se concentrant sur le renforcement du capital humain, l’industrialisation et la transformation économique, ainsi que l’amélioration de la gouvernance. Cette vision tient compte de la promotion des investissements privés et la croissance des petites et moyennes entreprises. L’EDBM est missionné pour jouer un rôle pivot dans la concrétisation des objectifs fixés et la dynamisation du Dialogue Public-Privé ».
Francis Rabarijohn, président du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM)
« Le secteur privé réitère son engagement à soutenir le processus de Dialogue Public-Privé. Nous saluons les initiatives lancées dans ce cadre ainsi que la mise en place d’une Task Force commune entre la présidence de la République de Madagascar et le GEM. Mais de nombreux défis restent à réaliser pour améliorer le climat des affaires aussi bien concernant la nécessité de renforcer la confiance entre les partenaires que pour l’implication du secteur privé en amont des décisions liées à la politique publique ou encore la définition des stratégies économiques nationales ».
LE CLIMAT DES AFFAIRES EN CHIFFRES
L'Express de Madagascar