Les gendarmes constatent les maisons incendiées des victimes. |
Un litige foncier entre les descendants d’une famille est à l’origine d’un double homicide à Manambondro, Vangaindrano. Douze personnes ont été mises sous les verrous.
Douze hommes ont été incarcérés à Fianarantsoa depuis vendredi. Cinq autres ont obtenu une liberté provisoire. Tous sont poursuivis pour le meurtre de Jean-Christophe Mahitsiteny et de son fils, ainsi que pour l’incendie de leurs cinq maisons, survenu fin juillet à Manambondro, Vangaindrano.
Cette vindicte populaire, suivie d’incendie volontaire, trouve son origine dans un litige foncier opposant des membres d’une même famille, à savoir Jean-Christophe Mahitsiteny et Parfait Razafindrasana. Le conflit remonte à 2015, concernant un terrain situé à Hatrafay, Manambondro. Les deux parties s’étaient déjà affrontées en 2021, entraînant des blessures, et le tribunal les avait condamnées cette année-là.
Malgré cela, les hostilités ont continué, avec des destructions répétées des cultures de chacun et des menaces de mort. L’une des parties a déposé plainte au commissariat de Vangaindrano, l’autre l’a fait à la brigade de Manambondro. En 2023, les enquêteurs ont soumis un rapport au tribunal, indiquant que les motifs des plaintes des deux camps étaient infondés. Une demande a été faite pour qu’une équipe judiciaire se rende sur place afin d’évaluer la situation, mais personne du tribunal ne s’y est encore rendu.
Foule hostile
L’affaire a été examinée pour la dernière fois en novembre 2023. Le juge avait alors statué qu’aucune des deux parties ne pouvait toucher au terrain en litige en attendant le jugement. Cependant, elles se sont empressées de construire des maisons sur le même domaine.
Le 28 juillet 2024, les notables du village se sont réunis et ont décidé d’expulser Jean-Christophe Mahitsiteny et sa famille. Le lendemain, ce dernier et son frère auraient incendié l’habitation de Parfait Razafindrasana, construite sur le terrain au cœur de leur conflit.
La communauté reconnaît que les trois fils de Jean-Christophe Mahitsiteny sont violents. Trop fâchés contre eux, les notables ont rassemblé les villageois pour s’en prendre à eux. Une foule hostile, armée de machettes, s’est alors précipitée à leur recherche, brûlant leurs maisons. À l’arrivée des gendarmes, seuls leurs trois bœufs ont été retrouvés et mis en sécurité.
Le groupe tumultueux a capturé l’un des jeunes qui tentait de fuir vers la brigade, mais il a été gravement blessé. Il était déjà près du bureau de la gendarmerie lorsque le fokonolona a mis fin à ses jours et a ramené son corps. Quatre gendarmes étaient présents au poste, mais ils ont été débordés.
D’autres gendarmes sont intervenus en renfort depuis Vangaindrano avec les autorités civiles le 30 juillet. À leur arrivée, le père du défunt venait également d’être lynché, et sa dépouille a été abandonnée à 2 km de Manambondro.
Gustave Mparany