MÉTIER - Une pénurie de statisticiens

L’Esum a sorti des spécialistes des statistiques, cette année.

«Madagascar manque de statisticiens». C’est Tovonanahary Andriamaneho Rabetsitonta, président directeur général de l’École supérieure de Management (Esum), un statisticien de formation, sortant d’une grande école de Paris, qui a donné l’alerte hier, lors de la sortie de promotion des étudiants de cette école, à l’hôtel Yandi By Pass. Plusieurs sources affirment la pénurie de ces techniciens à Madagascar. Même l’Institut national de statistiques (Instat), reconnu pour ses compétences nationales en matière de statistique, n’en disposerait pas assez. « Ils sont rares, même au sein de l’Instat », affirme une source auprès de cet établissement.

Le manque, voire l’inexistence d’universités qui proposent des formations en statistique à Madagascar, en serait la principale raison. « Il y a le département de Mathématiques, informatique et statistiques appliquées à l’université d’Antananarivo, et le département de Mathématiques, informatique et sciences sociales à l’université de Fianarantsoa. Cependant, il n’y a pas de formation spécialisée en statistiques chez nous. Les jeunes qui souhaitent faire des études là-dessus doivent aller en Afrique ou en Europe», note le Dr Christian Ralaivao, responsable du parcours Génie logiciel et base de données à l’École nationale d’informatique (ENI) Fianarantsoa.

Inversée

À Madagascar, c’est Tovonanahary Andriamaneho Rabetsitonta qui a fait le grand saut en ouvrant la première mention Statistiques à Madagascar. Mais ce n’est pas encore gagné. Cette filière n’a pas, pour le moment, sa cote de popularité auprès des jeunes. 

« Seuls trois sur nos trente-trois nouvellement diplômés sont des statisticiens», a indiqué Tovonanahary Andriamaneho Rabetsitonta. Les débouchés de ce métier ne seraient pas couverts.

Cette situation doit être inversée. Cette pénurie de techniciens en statistiques a des répercussions sur le développement du pays. « Nos données ne sont pas actualisées. Dire, par exemple, que 80% de la population malgache sont des paysans n’est plus vrai de nos jours. Les statistiques sont pourtant des outils cruciaux pour la prise de décision importante. Des décisions économiques et sociales sont basées sur ces données», enchaîne le Dr Christian Ralaivao. Notre source auprès de l’Instat admet que plusieurs secteurs ne sont pas exploités suite au sous-effectif des statisticiens. Elle donne l’exemple du secteur du tourisme et de celui de la migration. L’exactitude de certains indicateurs des Objectifs de développement durable (ODD) pour Madagascar serait, également, remise en question.

Miangaly Ralitera

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