Ce fut une longue histoire qui a occupé plus de quatre cent mille ans. On retiendra que l’avantage cognitif humain, ou cette supériorité conférée par l’intelligence et le savoir, a pu apporter des victoires décisives sur des batailles contre l’obscurité. La Lumière a été conquise et les ténèbres se sont éloignées de la présence de l’homme qui a même vaincu la nuit. Mais aujourd’hui, ces phases victorieuses connaissent un retour en force de l’ennemi qu’on croyait vaincu : les délestages manifestent leur puissance.
L’épopée a commencé le jour où le feu a été maîtrisé. Ce fut sans doute un cadeau de la nature qui a servi à éclairer les abris primitifs de cette période qu’on a appelée préhistoire. On retiendra cet événement décisif comme la première étincelle, le début d’un long embrasement qui occupera des millénaires et qui connut des phases de pic lumineux qui ont incarné le génie humain. Une ingéniosité qu’on a apparemment perdue parce qu’on a cédé et la journée se remplit de moments de gloire des ténèbres qui dominent les heures de délestage.
Et l’ampleur des coupures d’électricité peut couvrir les acquis de ceux qui ont contribué à cette atténuation de l’emprise du manteau noir de l’obscurité et ainsi nous rendre indignes d’hériter des fruits de leurs exploits. Le sentiment de récession nous frappe quand on a succédé à des siècles qui ont vu l’évolution de cette conquête marquée par les lampes à huile, les bougies, les lampes à gaz, l’ampoule électrique, l’ampoule à LED,... Les étapes d’un développement aujourd’hui menacé par les délestages.
Alors que cette lumineuse aventure prométhéenne nous a offert un précieux trésor qui a contribué à notre grandeur, le feu et la lumière, les années de délestage font planer le spectre noir de la perte. Comme dans le récit mythique qui a Prométhée comme personnage principal, ce bien inestimable est devenu une richesse vitale qui se fait rare à Antananarivo, théâtre d’une régression avec les délestages qui font tomber dans le gouffre redoutable des ténèbres.
Face à ces assauts des forces de la nuit, on ne peut qu’opposer la plus puissante de nos armes, le cerveau qui a été derrière ces grandes innovations que les lignes précédentes ont évoquées et d’où ont donc émané les lumières de l’intelligence ainsi que celles de la ville.
Fenitra Ratefiarivony