Alors qu’on est encore imprégné du parfum de la rentrée scolaire, où devrait être présente la fragrance de l’instruction et du savoir, un relent tend à persister : celui d’une frustration, d’une soif en permanence non assouvie. Des années de négligence ont fait des écoles des visages représentatifs de la misère qui impose sa présence dans les couches fondamentales de la société, et le monde scolaire figure à une bonne place sur la liste des victimes, attaquées tant sur le plan matériel qu’intellectuel.
Les infrastructures scolaires sont parmi les laissés-pour-compte qui crient, à travers les voix des réseaux sociaux, leur dénuement et lancent des appels à l’aide qui ne demandent qu’à être entendus. L’espoir peut-il encore s’incruster dans les conditions où règne une indigence omniprésente qui laisse sa marque sur les “outils” de base? Et c’est ainsi que cette détresse se manifeste à travers le manque, tant qualitatif que quantitatif, de tables-bancs, de fournitures scolaires qui s’éloignent graduellement de ce qui est accessible au portefeuille des ménages… Une précarité générale qui atteint l’hygiène mise à mal par une difficulté d’avoir de l’eau potable et des toilettes décentes. Une pauvreté générale qui atteint également les cerveaux.
L’esprit, qu’on envoie s’instruire, est également touché par le baiser mortel du manque. Quand les serviteurs de l’instruction, les enseignants, ne peuvent privilégier des moyens élémentaires, utiles pour leur sainte mission, la transmission de la connaissance ne peut éviter un nombre incalculable d’obstacles. Pourtant destinés à être des héros à travers lesquels un précieux trésor, qui est le savoir, peut être obtenu, les enseignants sont privés du moteur essentiel à tout travail : le soutien financier qu’ils méritent.
Quand le pays est rongé par une misère omniprésente, le roman Les Misérables, l’œuvre grandiose de Victor Hugo, peut toujours interpeller les consciences : quand l’instruction est défaillante ou fait défaut, ce manque terrible peut affecter toutes les dimensions de la vie, comme ce fut le cas chez Fantine qui sombre dans l’enfer de la prostitution. Et Jean Valjean a compris cette importance de l’école et sauve Cosette, la fille de Fantine, en lui donnant une éducation solide. On ne pourra sortir du sombre tunnel que quand on aura assimilé cette leçon qui est pourtant si simple.