Le président Rajoelina durant sa prise de parole lors de la table ronde sur la coopération économique sino-malgache. |
Dans la droite ligne de la diplomatie économique tous azimuts, le président de la République déroule le tapis rouge aux investisseurs chinois. Madagascar souhaite ainsi un partenariat ciblé dans des secteurs prioritaires comme l’industrie, l’agriculture, le tourisme, l’énergie et les mines.
Des partenaires fiables et crédibles. C’est ce que Madagascar recherche dans sa marche vers une transformation économique, selon Andry Rajoelina, président de la République. Des investisseurs qui respectent la lettre et l’esprit d’un partenariat gagnant-gagnant et dans le respect mutuel. Des valeurs soulignées dans le draft de la déclaration conjointe de cette 9e édition du Forum sur la coopération sino-africaine, justement.
À entendre le chef de l’État, la Chine et les grandes entreprises chinoises peuvent être des partenaires fiables et crédibles. Andry Rajoelina leur adresse ainsi un appel solennel à venir à Madagascar. Un appel qu’il a émis à deux reprises. D’abord, durant une conférence de haut niveau sur le thème : “Accompagner l’Afrique dans l’industrialisation, la modernisation agricole et le développement vert sur la voie de la modernisation”. Ensuite, durant une table ronde sur la coopération économique entre la Grande île et la Chine.
“Je suis convaincu que l’Afrique, accompagnée de partenaires comme la Chine, connaîtra une transformation radicale”, affirme alors le président de la République. Le locataire d’Iavoloha avance l’ambition malgache de parvenir à une transformation économique. Un challenge qui passe par l’industrialisation et l’essor d’autres secteurs clés comme l’agriculture, les infrastructures, le secteur minier, le tourisme ou encore le commerce international.
S’agissant des échanges commerciaux, Andry Rajoelina indique “qu’actuellement, les produits d’exportation vers la Chine bénéficient du tarif douanier zéro sur 98% des produits”. Une étape significative qui a permis d’augmenter l’exportation vers le marché chinois, note-t-il. Toutefois, pour pleinement en profiter, il faut booster la production locale. Il rappelle alors que l’ambition étatique est d’abord de produire et de transformer localement ce dont la population a besoin. Mais aussi de densifier l’exportation.
Dans ses allocutions, hier, Andry Rajoelina a notamment mis l’accent sur la transformation économique par l’industrialisation et la transformation agricole. Redevenir le grenier à riz de l’océan Indien et de l’Afrique est l’un des défis. Mais, la priorité, comme il le dit, est de conquérir “la souveraineté alimentaire” de la Grande île. “Avec l’appui des partenaires chinois, en modernisant les pratiques agricoles à travers la mécanisation et en utilisant les dernières technologies, Madagascar peut et doit être une zone de la transformation agricole”, a-t-il déclaré durant la table ronde.
Partenariats ciblés
Les 36 millions d’hectares de terres cultivables malgaches ont été avancés comme argument de séduction. L’idée que Madagascar puisse être un pays pilote de la transformation agricole, via la coopération avec la Chine, a même été évoquée, hier. D’autant plus que la Grande île veut aussi migrer vers l’agri-business. Outre l’agriculture, le vaste potentiel de Madagascar dans le secteur du tourisme, des mines et dans le domaine de l’énergie ont aussi été soulignés par Andry Rajoelina.
“Comme vous le savez, Madagascar regorge de potentiel, d’une diversité culturelle unique, de ressources naturelles abondantes en qualité et en quantité qui ne demandent qu’à être exploitées pour atteindre le développement tant attendu par la population”, rappelle le locataire d’Iavoloha.
S’agissant du secteur minier, en particulier, le chef de l’État affirme sans ambages, “avec des réserves considérables de cobalt, de vanadium, de fer, d’or, de graphite et de pierres précieuses estimées à des milliards de tonnes, notre île se positionne comme un acteur majeur sur le marché mondial des minerais”. Comme dans chacun de ses échanges avec d’éventuels investisseurs, le Président place toujours l’énergie parmi les secteurs incontournables.
La transition énergétique entamée par Madagascar a alors été expliquée, hier. Il y a notamment le projet d’installation de parcs solaires dans quarante-sept districts, ainsi que les projets de centrales hydroélectriques. “Nous avons encore besoin d’installer plus de 600 MW en parcs solaires. En outre, Madagascar possède un potentiel hydroélectrique estimé à plus de 7 800 mégawatts, (...) que nous sommes déterminés à exploiter. Et nous avons déjà trois grands projets hydroélectriques en attente de partenaires”, ajoute-t-il néanmoins.
Face aux investisseurs chinois, le chef de l’État a émis le souhait d’établir “des partenariats ciblés”, dans les domaines précités qu’il qualifie de “prioritaires”. Aussi, dans la foulée de la table ronde de partenariat économique, trois protocoles d’accord entre le gouvernement et des multinationales chinoises ont été signés. Ils concernent la mise en place d’une Zone économique spéciale (ZES), le développement coopératif du tourisme, et le partage de technologie agricole.
Il y a eu aussi la signature d’une “lettre d’intention”, sur l’investissement et le développement des ressources énergétiques et minérales. “Nous sommes convaincus que ces protocoles d’accord sont le début d’une coopération durable, pour transformer Madagascar en une nation industrielle et prospère”, se réjouit ainsi le président Rajoelina. Un renforcement de la coopération qu’il abordera avec son homologue Xi Jinping, lors d’une rencontre bilatérale, ce jour.
Garry Fabrice Ranaivoson