Photo officielle des autorités lors du second forum national de lutte contre le trafic des espèces sauvages. |
La corruption et le blanchiment de capitaux sont à l’origine de la plupart des trafics de ressources naturelles de la Grande île. Ce phénomène continue pourtant de proliférer.
Un fléau à enrayer. Le combat contre ces phénomènes dure depuis des décennies. Les résultats arrivent pourtant au compte-gouttes. Mardi, pouvoirs publics, société civile et organisations de protection de l’environnement se sont réunis, une fois de plus au Carlton Anosy, pour trouver des solutions face au problème.
Il s’agit du second forum national de lutte contre le trafic d’espèces sauvages. « Ce sujet est d’une importance capitale pour notre pays. La Grande Île est en effet confrontée à la problématique de la préservation de sa biodiversité, qui constitue une richesse incommensurable. La corruption, sous toutes ses formes, affaiblit nos efforts pour protéger nos ressources nationales », a affirmé mardi, en différé, Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable.
Les citoyens sont en droit de se demander à quoi servent tous ces forums et tables rondes ? Quelles sont concrètement les actions déjà entreprises pour enrayer ce mécanisme infernal, véritables gouffres financiers pour le pays ? Le président du Sénat, Richard Ravalomanana, a pris la parole lors de ce forum, exprimant ses propos avec une certaine vigueur et un ton résolument offensif.
Enjeu
« Nous avons organisé un premier forum en 2022, et maintenant, en 2024, nous découvrons encore des espèces sauvages qui quittent le pays discrètement et apparaissent en Thaïlande. Qu’avons-nous fait pendant tout ce temps ? Voilà le véritable problème», déclare-t-il avec fermeté lors de son discours.
Il ajoute : « Le véritable problème, c’est que ce sont les étrangers qui se préoccupent de la situation à Madagascar, tandis que nous, malheureusement, nous avons tendance à le faire uniquement pour obtenir des financements des bailleurs de fonds. » Il souligne que le véritable enjeu réside dans les rouages mêmes de l’administration et des collectivités décentralisées, qui sont en première ligne pour protéger les ressources naturelles du pays. Les autorités ainsi que les partenaires techniques et financiers s’accordent néanmoins sur la nécessité d’intensifier la lutte contre la corruption, le trafic d’espèces sauvages et l’exploitation illégale des ressources naturelles.
Les partenaires, comme les États-Unis, entendent passer à la vitesse supérieure pour « intensifier les efforts » afin de lutter contre ces phénomènes. « Le gouvernement américain soutient, et soutiendra toujours l’État malgache, à travers le projet américain de lutte contre le trafic d’espèces sauvages (CCWT), pour permettre d’aller plus loin dans les investigations et le démantèlement des réseaux de contrebandiers», a soutenu Stephanie Arnold, chargée d’affaires de l’ambassade des États-Unis.Tous les acteurs, y compris le Fonds mondial pour l’environnement (WWF) et Transparency International, sont d’avis que seule la bonne gouvernance environnementale et administrative permettrait d’endiguer pour de bon ces fléaux. Cela permettra à la Grande Île de reprendre son économie en main. La collaboration entre les agences concernées par cette lutte est aussi préconisée comme solution. Cela permettrait de rendre ces luttes effectives.
Itamara Randriamamonjy