La population dans la brousse profite des caravanes médicales pour bénéficier de soins faute de spécialistes. |
Madagascar est confronté à un exode des professionnels de santé. Cette migration menace le système de soins.
Le désert médical plane sur Madagascar. La migration des professionnels de santé vers les pays développés prend de l’ampleur. « De nombreux médecins et infirmiers sont partis travailler à l’étranger», affirme le Dr Eric Andrianasolo, président de l’Ordre des médecins, hier.
Un médecin prépare son départ. « Je vais suivre une formation à l’étranger et j’envisage d’y rester pour y travailler, car je ne me sens pas épanoui ici », confie cette source. La France, le Canada et les États-Unis seraient les principales destinations de ces médecins généralistes, spécialistes et paramédicaux. « Au sein de l’hôpital où je suis en stage, il y a neuf Malgaches. Six sont employés de l’hôpital et trois sont en formation. C’est beaucoup pour des étrangers», témoigne un interne en formation en France.
Les salaires « médiocres» font fuir ces cerveaux. « À Madagascar, les salaires de base sont entre 1 million et 1,2 million d’ariary (ndlr : entre 200 et 240 euros). Ici, tu peux gagner entre 24 millions et 49 millions d’ariary (5 000 à 10 000 euros) », indique un spécialiste.
Inquiétante
Un rapport de la Banque mondiale en 2018 sur la migration internationale souligne que « l’ampleur des écarts de salaires qui persistent dans le monde est le principal facteur de migration économique des pays à faible revenu vers les pays à revenu élevé. Bien souvent, les migrants triplent leur salaire en s’expatriant, ce qui permet à des millions d’entre eux et à leurs familles restées au pays de sortir de la pauvreté ». Mais ce ne sont pas seulement les salaires qui attirent ces cerveaux malgaches vers les pays développés. « Les plateaux techniques ici sont très avancés. Du coup, tu es très épanoui lorsque tu travailles », indique un médecin.
Cet exode des cerveaux menace le système de soins à Madagascar. La situation actuelle est déjà inquiétante. Les spécialistes sont des perles rares, surtout dans les cinq autres chefs-lieux de province. Les médecins sont inexistants dans la brousse. Le ministère de la Santé publique recruterait des médecins, notamment des spécialistes. « La révision salariale est essentielle pour motiver les médecins qui ont fait de longues études. L’autre grand effort à faire est l’amélioration du système de soins. Il est important de mettre à jour les plateaux techniques», recommandent les professionnels de santé.
Miangaly Ralitera