Ce n’est pas trop tôt ! La Haute Cour Constitutionnelle rappelle les règles qu’il faut observer pendant la campagne électorale. C’est bien ! Au moins, il y a une autorité
morale qui sert de balise à tous les abus qui pourraient être perpétrés dans un camp comme dans l’autre. Même si on connaît les limites de la marge de manœuvre de cette institution. D’ailleurs, depuis toujours, les pratiques politico-électorales n’ont guère changé d’une République à l’autre. La politisation de l’administration, l’utilisation des prérogatives administratives à des fins électorales, la mobilisation des agents de la fonction publique…sont des traditions qui ont servi tous les régimes. La seule innovation est la création de la Ceni dont la crédibilité a toujours été sujette à caution. Mais le vin est tiré, il faut le boire. Sans modération. Les partis politiques de l’opposition participent aux législatives après avoir boycotté la présidentielle à cause de ce qu’elle qualifie de « partialité de la HCC et de la Ceni ». Rien n’a pourtant changé entre les deux échéances électorales. Tout le monde espère néanmoins que tout se déroulera dans les règles de l’art. Ou pas.
Justement, la participation d’un patron d’organisme de lutte anti-corruption, devenu fonctionnaire de la Ceni, à la campagne a mis un cheveu dans la soupe dans l’organisation des élections. La notoriété de la Ceni, déjà chancelante, en a pris un coup même si le concerné aurait démissionné de son poste avant de partir en campagne. Une maladresse qui met de l’eau au moulin des détracteurs de la commission électorale « indépendante ».
Quoiqu’on dise, il s’agit d’une bévue, qui plus est, commise par une personnalité dont le comportement et l’honnêteté devraient être irréprochables et exemplaires. Sinon, quelle crédibilité donner aux institutions de lutte anti-corruption ?
C’est écrit nulle part mais quelqu’un qui a été à la tête de ces institutions devrait s’abstenir d’occuper un poste politique ou administratif de moindre envergure. C’est le minimum de respect qu’on doit à l’opinion et à la lutte contre la corruption. Sinon, tout ressemblerait à un cirque, à une mascarade. Cela s’appelle tout simplement éthique.
D’autres exemples ont été répertoriés à l’image d’un ancien directeur général d’une autre institution reconverti directeur de cabinet d’un ministère.
Peut-on imaginer un ancien Président redevenu ministre ou secrétaire général d’un ministère ? Ce n’est certes pas le même cas mais cela relève de la même moralité. À moins qu’on ait choisi de s’asseoir sur tous les préceptes républicains.
Sylvain Ranjalahy