Tojohanitra Andriamanjatoarimanana a participé à deux Jeux Olympiques. |
Opinion d’une ancienne gloire. L’olympienne d’Athènes en 2004 et de Beijing 2008, Tojohanitra Tokin’Aina Andriamanjatoarimanana, livre son opinion sur la situation actuelle de la natation malgache. «Ce qui manque aux nageurs, ce sont les infrastructures et la politique, parce qu’il est très difficile de s’arranger entre l’entraînement, les études ou le travail (...) Tant qu’on ne met pas en place une politique bien claire, surtout le statut des sportifs de haut niveau, ce sera toujours la même chose», rappelle la recordwoman.
«L’État devrait collaborer avec des partenaires qui prendront en charge financièrement les athlètes de haut niveau pour qu’ils puissent s’entraîner sereinement avec leur ambition», interpelle Tojo, ancienne présidente de la ligue d’Analamanga. La nageuse du Cosfa n’a pas manqué de relater ses parcours de combattante aux JO. «La préparation n’était pas évidente avec le manque d’infrastructures. À l’époque, nous n’avions pas de piscine chauffée. Je m’entraînais au Carlton avec une température à 16°C. Après l’entraînement, j’ai dû me réchauffer pendant plus d’une heure dans un sauna, car je n’arrivais plus à marcher à cause du froid».
En outre, elle a dû assurer en même temps ses études. Elle était en classe de seconde lorsqu’elle préparait ses premiers JO.
« À l’époque, il n’y avait pas le système sport-études, donc je ne pouvais pas m’absenter de l’école. Ainsi, j’ai dû rester à Tana jusqu’à mon départ pour Athènes », raconte Tojo. Malgré tout, elle a obtenu son Master II en marketing.
Discipline et persévérance
Âgée de 34 ans, mère de deux enfants, elle travaille actuellement à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnaps) en tant que coordinatrice en charge de la communication de l’événementiel. Tojo a été la deuxième nageuse médaillée d’or aux Jeux des îles après l’icône Bako Ratsifandrihamanana. Dans son palmarès, elle a battu six records de Bako, en l’occurrence en 50m, 100m, 200m papillon et en 50m, 100m, 200m nage libre. Elle a aussi signé deux records des Jeux de l’Acnoa (Association des comités nationaux olympiques d’Afrique) en 50m et 200m papillon.
Tojo a carrément mis fin à sa carrière de compétitrice six mois avant les JO de Londres en 2012, en raison d’une maladie grave. Sélectionnée pour ses premiers JO à Athènes à l’âge de 14 ans puis à Beijing, la participation à quatre championnats du monde, deux Jeux africains et quatre championnats d’Afrique ont été les récompenses de ses efforts laborieux. À la veille des JO de Paris, Tojo conseille les deux porte-fanions malgaches, Jonathan Raharvel et Idealy Tendrinavalona, de ne pas trop attendre l’aide de l’État pour la préparation, «soyez disciplinés et persévérants».
Serge Rasanda