J’ai une petite collection de revues automobile («L’Automobile Magazine», «Auto-Journal», «Auto-Journal Évasion et 4x4», «Tout-Terrain Magazine») : série incomplète mais dont je veux faire don à une structure adossée à une institution d’enseignement et surtout d’éducation.
On a plutôt l’habitude d’offrir des dictionnaires, des encyclopédies, des classiques de la littérature, des essais ronflants et des monographies fastidieuses, sinon des best-sellers ? Je sais. Mais, je sais aussi que j’avais grandi à l’ombre de plumes alertes, pourtant méconnues. «Tricoter des essieux sur un filet de gaz», disait-on des vrais 4x4, comme «l’élégant et presque svelte HDJ 80», sous-entendu en comparaison de son successeur HDJ 100. Avoir parcouru ces essais automobiles me permirent de m’évader pour un temps des Précis Dalloz : c’était au CCAC (Centre Culturel Albert Camus), à l’articulation des années 80 et 90.
On en sort souvent d’ailleurs, des autos pour se dégourdir l’esprit : balade (ce que permet justement l’automobile) dans la France des terroirs ou escapades dans des contrées plus lointaines, pages de shopping horlogerie-maroquinerie, belles publicités de bières (1664, «le goût à la française» ; Grimbergen, «Bière d’abbaye depuis 1128» ; Leffe «1240, neuf siècles de savoir-faire» ; «Cultiver sa différence : that’s Carlsberg» ; Heineken, «Open your World»...
On se rend compte que ces magazines autos sont à un âge tout aussi vénérable que d’autres lectures plus sérieusement austères : «L’Automobile Magazine» a été lancé en septembre 1946, opportunisme éditorial dans le contexte du renouveau industriel d’après-guerre, et comptait 800 numéros en janvier 2013. Le premier numéro de «Tout-Terrain Magazine» parut en février 1989, et je compte conserver également le n°300, collector, d’octobre-novembre 2014.
Au fil de ces pages automobiles, j’en aurai appris des choses : : la forge de Laguiole à Aubrac (Auto-Journal 4x4, 3e trimestre 2010) ; Briare et son pont-canal de 662 mètres qui franchit la Loire depuis 1896 (Auto-Journal 4x4, 1er trimestre 2011) ; Saint-Symphorien-sur-Coise et sa Maison des métiers d’antan liés à la région (chapellerie de paille, charcuterie, salaison, tannerie, ébenisterie) dans Auto-journal 4x4, 1er trimestre 2013 ; la plaine de Bagan (anciennement Pagan) au Myanmar (ex-Birmanie) et sa forêt d’un millier de temples bouddhiques, dont certains vieux de huit siècles (Auto-Journal 4x4, 1er trimestre 2014) ; Aurillac, baptisée «capitale du parapluie», et l’entreprise familiale Piganiol à l’oeuvre depuis 1884 ; dans le même département, le viaduc de Garabit : le plus grand pont d’Europe lors de son achèvement, également en 1884 (Auto-Journal 4x4, 4e trimestre 2014).
Il arrive même de cruiser sur des routes bordées de platanes, qu’on croirait avoir déjà traversées : «une voûte sans fin, celle des platanes centenaires qui bordent majestueusement la nationale menant au village médiéval de Céreste», au seuil du département des Alpes-de-Haute-Provence (Auto-Journal 4x4, 2e trimestre 2012) ; presque le même topo dans le Tarn-et-Garonne, dernier département créé par Napoléon : «la départementale vers Montauban avec ses platanes dressés de part et d’autre». Toujours dans ce département, se rencontrent aussi le Canal des Deux Mers qui permet de rallier Bordeaux à Toulouse en bateau ou à vélo, par la voie verte, qui suit le chemin de halage ou Moissac, site du plus ancien cloîtré historié d’Europe (Auto-Journal 4x4, juillet-août 2013).
La voiture mène à tout, à condition de la sortir (du garage, du parking). Savez-vous que, dès 1897, une certaine mademoiselle Davy de Cussé eut l’idée d’installer un miroir à l’avant de son véhicule pour voir ce qui se passait derrière. Une initiative alors raillée, mais jugée géniale lorsque, neuf ans plus tard, un homme en déposa le brevet (L’Automobile Magazine, octobre 2011) ?
À suivre…
Nasolo-Valiavo Andriamihaja