Que représente encore le 1er mai ? La journée de huit heures de travail est devenue une banalité dont tout le monde a oublié l’histoire : au départ, une revendication des «Trade Unions» américains, réunis à Chicago, en novembre 1884. La journée des «trois huit» devait être celle d’une répartition par tiers entre «sommeil, travail, loisirs», mais l’expression désigne désormais couramment une rotation d’équipes par tranches de huit, qui se succèdent sans que jamais la production ne s’arrête.
1er mai ou pas, des besoins alimentaires irrépressibles font que tout le monde travaille, sauf dans les administrations et les emplois de bureau. 1er mai ou un autre quelconque jour férié, voire le dimanche, la population d’un pays sous-développé ne peut pas se permettre de chômer.
Ce 1er mai 2024, tous les commerces de quartier avaient ouvert, les petits métiers étaient à l’oeuvre, l’informel grouillait de son habituelle animation fiévreuse. Sans qu’on sache toujours de quoi exactement. Le «riz quotidien» se gagne au jour le jour.
Un 1er mai d’origine ouvrière dont sont cependant exclus de pans entiers de la société. De pourtant vrais «travailleurs», mais sans contrat, sans statut, sans convention collective. Un 1er mai qui ne concerne donc pas l’informel, le précaire. Et que dire du rapport d’un 1er mai machinal avec le travail des enfants...
Travail de huit heures, loisirs de huit heures, sommeil de huit heures : le foisonnement des bruyants karaoke sert sans doute de décompression à une population abrutie de misère, et l’absence de sanction, quand ils se transforment en tapage nocturne, ressemble de plus en plus à une politique délibérée pour leur faire oublier l’idée d’une révolution.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja