Piétonnement

Eurêka, Eurêka ! La rue Andrianampoinimerina à Analakely sera piétonne trois jours par semaine à partir du 26 avril. C’est la décision prise par la Commune urbaine d’Antananarivo et annoncée à la presse hier. Ainsi, cette rue sera fermée à la circulation du vendredi jusqu’au dimanche. 

L’objectif est de permettre aux marchands de faire leurs activités d’un côté et de libérer la chaussée de l’autre. Les marchands sur le trottoir seront donc obligés de s’installer ailleurs pendant les quatre premiers jours de la semaine. La CUA a annoncé qu’elle sera intransigeante dans l’application de cette mesure adoptée d’un commun accord avec les marchands de rue. 

Les responsables de la CUA ont repris un vieux slogan des années 90 à propos de l’ordre qu’il faut respecter dans la capitale : «La rue aux véhicules, le marché aux marchands et le trottoir aux piétons». Le maire de l’époque a ainsi pu annihiler le fameux «zoma» qui étouffe tout Analakely du mercredi au samedi. Puis, les mauvaises habitudes sont revenues petit à petit, l’indiscipline et surtout l’anarchie, corollaire de toutes les crises politiques associées à une pauvreté du corps et de l’esprit, ont fini par squatter tout le centre-ville. Le clientélisme électoral, synonyme de laisser-faire, laisser-aller, a porté le coup d’estoc pour donner à la capitale une laideur hideuse que ne peut pas cacher la fraîcheur des jardins botaniques et des espaces verts.

Après des changements du sens de la circulation qui ont considérablement réduit les bouchons sur certaines artères, voilà qu’on va faire la connaissance d’une rue piétonne, une pratique en cours depuis longtemps ailleurs. Reste à savoir si tout le monde va respecter ses engagements. Les marchands de rue devront dégager les trottoirs et la chaussée du lundi au jeudi pour permettre une fluidité de la circulation. Quand on sait que les trottoirs n’existent presque plus dans plusieurs endroits de la ville, on se demande si cette mesure sera totalement efficace. Les marchands quitteront Analakely mais ils vont s’installer ailleurs. On les voit mal prendre quatre jours de congé non payés dans la semaine. 

Pendant les manifestations politiques de l’année dernière, les marchands en voulaient aux opposants de perturber leur gagne-pain quotidien. Et puis aucune réorganisation des marchés et des marchands n’a pu aboutir jusqu’ici. Les marchands refusent même de manière catégorique de s’installer ailleurs que sur les trottoirs. Ce serait un miracle si la CUA arrivait à dégager les trottoirs à Behoririka, Petite Vitesse, Tsaralalàna… On ne demande pas tant et on espère qu’il ne s’agisse pas d’un coup d’éclat pour épater la... galerie marchande.

Sylvain Ranjalahy 

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne