Entre chiens et chats

Une flambée de cas de rage à Soanierana Ivongo. Plusieurs personnes ont été mordues par des chiens enragés. Leur vie n’était plus en danger après avoir reçu des soins appropriés. Mais la situation aurait pu être bien pire, car le vaccin antirabique était en rupture de stock à Soanierana Ivongo. Il a donc fallu se rendre jusqu’à Sainte-Marie pour sauver les victimes de morsures, dont deux enfants. Heureusement, les vaccins antirabiques sont gratuits. Cependant, on ignore si tous les CSB dans les cent vingt districts en disposent. Or, le risque est réel avec le nombre de chiens errants ici comme ailleurs. Si le vaccin antirabique ne coûte pas un sou, ce n’est pas le cas pour la vaccination des chiens. Et c’est là que le problème se pose, car même des personnes financièrement stables préfèrent éviter les coûts liés à l’injection régulière de leurs chiens. Comme la pauvreté touche également les chiens errants, ils sont directement exposés à la rage. Lorsque l’on sait que les chiens errants peuplent les rues de la capitale pendant la nuit, on peut imaginer les conséquences d’une épidémie de rage.

Par le passé, la voirie procédait à l’abattage des chiens errants de manière régulière. Cette opération semble aujourd’hui abandonnée, peut-être pour éviter des incidents et ne pas perturber une nuit déjà tourmentée par les échanges de tirs entre bandits et Forces de l’ordre.

Il faut dire que cette opération a un coût. La municipalité a d’autres priorités telles que l’enlèvement des ordures, la rénovation des routes, la construction de blocs sanitaires, la gestion de la circulation, la création de parkings supplémentaires, la lutte contre l’insécurité, la réhabilitation des écoles, et l’organisation des marchés. La CUA a donc d’autres chats à fouetter avant de s’attaquer aux cerbères.

Ce qui se passe à Soanierana Ivongo est préoccupant, mais la situation dans les endroits reculés est encore plus inquiétante. Ce qui se passe là-bas pourrait très bien arriver à Anosibe An’Ala, Andramasina, Befotaka, Anjiajia, Masomeloka, Ampasimbe... des endroits très difficiles d’accès en temps normal et pratiquement inatteignables depuis la détérioration de toutes les routes. Il est peu probable que ces endroits disposent des ressources nécessaires pour traiter rapidement une morsure de chien enragé.

Cependant, il y a un protecteur invisible qui fait que ni la Covid-19, ni le choléra, ni la rage... ne parviennent à mettre à genoux une population dont la résilience est exemplaire. Sinon...

Sylvain Ranjalahy 

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