Les membres du Congrès américain lors de la rencontre à Iavoloha, jeudi. |
Une délégation du congrès américain effectue un roadshow pour évaluer l’impact de l’Agoa dans les pays bénéficiaires. Durant une réunion, jeudi, à Iavoloha, l’État a plaidé pour un renforcement de la position de Madagascar dans ce programme.
Madagascar peut faire plus. Tel est, en substance, le message que l’État a voulu faire passer durant une réunion avec des membres du Congrès des États-Unis (USA), jeudi, au Palais d’État d’Iavoloha. Un message au sujet de ses performances dans les échanges commerciaux dans le cadre de la Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (Agoa).
Huit membres de la Commission des voies et moyens du Congrès américain ont eu une réunion avec Andry Rajoelina, président de la République, et quatre ministres, jeudi. Saisissant la balle au bond, la partie malgache a mis l’accent sur les retombées de l’Agoa sur l’économie de la Grande île. Elle a également mis en avant les performances de Madagascar, ces dernières années. Et a souligné son souhait de conforter sa position dans le partenariat commercial avec les États-Unis, ainsi que d’élargir le panel des échanges.
Depuis 2021, Madagascar figure dans le top 5 des pays exportateurs vers les États-Unis, sur les trente-neuf bénéficiaires de l’Agoa. En 2023, la valeur des exportations malgaches dans le cadre de l’Agoa en Afrique est évaluée à plus de 200 millions de dollars. Cette performance est essentiellement due au domaine du textile. En 2022, la Grande île a surclassé l’Éthiopie, devenant ainsi le 2e plus grand fournisseur de vêtements des États-Unis, par le biais de l’Agoa.
À Iavoloha, jeudi, la partie malgache a ainsi souligné son souhait d’en faire plus et de diversifier le panel des produits à exporter sous Agoa, «afin d’en tirer pleinement profit». Promulguée en 2000, la loi-cadre donne aux pays d’Afrique subsaharienne, bénéficiaires, un accès au marché américain avec une franchise de droits et taxes. Plus de mille huit cents produits sont concernés. Pour Madagascar, il y a ainsi encore une large possibilité de diversifier ses produits d’exportations vers les États-Unis.
Depuis ses débuts, par ailleurs, l’Agoa fait l’objet d’une évaluation périodique en vue d’un renouvellement décennal. Le programme qui est en cours actuellement, arrive à terme en septembre 2024. La visite des membres de la Commission des voies et moyens dans la Grande île, est dans la ligne d’une tournée d’évaluation dans cinq pays bénéficiaires. Avant Madagascar, ils étaient à Maurice.
Vitale
Le but de cette tournée est d’évaluer, sur place, les impacts de l’Agoa et les progrès réalisés par les pays bénéficiaires. Ceci, en vue des prochains débats au Congrès américain sur le renouvellement du programme. Il s’agit, aussi, d’une occasion de discuter d’éventuelles améliorations. Madagascar veut alors saisir cette opportunité pour élargir ses produits à exporter dans le cadre de l’Agoa, tout en soulignant l’importance de son maintien au sein du programme.
La partie malgache a, du reste, émis comme suggestion que le renouvellement de l’Agoa se fasse sur une durée de «plus de quinze ans». L’idée est d’avoir une certitude sur la stabilité et la durabilité des relations commerciales entre les États-Unis et Madagascar, notamment pour les entreprises et les travailleurs couverts par le programme. «Le déplacement de cette forte délégation de la Commission des voies et moyens du Congrès américain prouve l’intérêt des États-Unis à renforcer la coopération entre nos deux pays», déclare ainsi le président Rajoelina.
Le chef de l’État ajoute qu’une reconduction de Madagascar dans l’Agoa «cadre parfaitement» avec les objectifs de la Politique générale de l’État (PGE). Aussi, Edgard Razafindravahy, ministre de l’Industrialisation et du Commerce, a présenté, durant la réunion de jeudi, les résultats et impacts, ainsi que les perspectives de la Grande île, vis-à-vis de l’Agoa. Au début de son intervention, il a souligné «l’importance vitale du renouvellement de l’Agoa pour Madagascar».
Selon le ministre Razafindravahy, «c’est un partenariat qui a grandement contribué au développement économique et social de notre pays. Depuis 2001, l’Agoa a servi de fondation solide pour le développement économique de Madagascar et offrant un accès sans précédent à un des plus grands marchés du monde».
Le président de la République a également mis l’accent sur le second pilier de la PGE qu’est la transformation économique par l’industrialisation.
«Le développement de l’exportation [notamment par le biais de l’Agoa] serait donc un jalon important dans l’atteinte de l’objectif d’industrialisation de Madagascar», soutient alors Andry Rajoelina. La Grande île compte aussi miser sur ses performances dans l’Agoa pour séduire les investisseurs, notamment américains. Les diverses réformes pour la sécurité des investissements, dont celle de la loi sur l’investissement, ont été mises en avant. Pareillement, pour la compétence, la jeunesse, la dextérité et la compétitivité de la main d’œuvre.
De son côté, la partie américaine s’est voulue rassurante. «La visite du président Smith [qui est à la tête de la Commission des voies et moyens] confirme l’engagement bipartisan du Congrès américain, ainsi que de l’administration, à autoriser l’Agoa (...)», sont les mots de Claire Pierangelo, ambassadrice des États-Unis, selon un communiqué de la représentation diplomatique américaine.
Garry Fabrice Ranaivoson