Je, tu, il, nous, vous...île

Droit du sol : 73% des Français sont favorables à sa suppression à Mayotte, tandis que  65% des Français seraient favorables à l’extension de la suppression sur toute la France. 

Le bon sens reprend doucement ses droits. Au-delà des crispations idéologiques qui nient l’actualité et la réalité. Et malgré un angélisme proprement suicidaire que, faute d’autre épithète suffisamment conforme, on a pu qualifier de «étrange» (Douglas Murray, The Strange Death of Europe, 2017). 

Il y a bien longtemps, je m’étais épanché sur le sujet. Habitant alors Paris, je sentais qu’il est impossible que les autochtones se laissent indéfiniment «envahir». En cette époque, 1999, les «sans papier» squattaient Place d’Italie, les Serbes manifestaient au Trocadéro. 

En une Chronique, qui s’appelait encore «Sans Complaisance», j’avais exprimé un sentiment, qui était en fait une intime conviction : «Si j’avais été Français de base, Parisien moyen, sans doute aurais-je pu, en me forçant beaucoup, avoir quelque sympathie, sur fond de vague indifférence, pour ces candidats malgré eux (il ne faut rien exagérer non plus) aux expulsions par charters. Mais, des imbéciles ont tagué les murs alentour. Boulevard Port-Royal, c’était «Accor = collabos», «Ibis = flics», «ni critère, ni quota, régularisation !» (...) Le critère «ni critère ni quota» constitue une circonstance aggravante, sans circonstances atténuantes. Parce que, moi, Malgache moyen, je veux que tous les étrangers aient un visa d’entrée, une carte de séjour et une fiche au ministère de l’Intérieur, avant d’entrer à Madagascar. Je ne peux refuser au pays d’autrui de m’appliquer les mêmes critères et les mêmes quotas» (Sans Complaisance, 31 mars 1999). 

En août 2022, déjà en visite à Mayotte, le Ministre français de l’Intérieur avait pensé «réduire l’attractivité de Mayotte». Les Comoriens, qui avaient choisi l’indépendance en 1974, font désormais le choix inverse surnommé le «vote kwassa-kwassa» : des milliers de Comoriens rejoignent clandestinement Mayotte, ses prestations sociales, sa qualité de vie ainsi que son droit du sol. Mais, si les Mahorais de souche profitent de leur nationalité française pour partir à Marseille ou rejoindre La Réunion, un «grand remplacement» ferait des immigrants clandestins comoriens la principale population de l’île (1985-1991 : 10.000 Comoriens s’installent à Mayotte; 1991-1997 : 20.000 ; 1997-2002 : 15.000). En réaction à cette «invasion», les Mahorais ont voté à 42,85% pour Marine Le Pen en 2017 tandis que le score du Rassemblement National grimpa à 60% en 2022. En une autre prescience, j’avais pu commettre un autre raccourci : «Mayotte, Gibraltar, Catalogne : et pourtant, ils ont voté» (Chronique VANF 02.09.2022). 

Il faut croire que cette actualité me tienne à coeur : en une autre Chronique de septembre 2018, je ne pouvais certainement pas taire la désormais implication de Malgaches dans ce nouveau «trafic triangulaire» : «Ce n’est que ces dernières années (plus grande communication ou simple recrudescence de la réalité) que les Malgaches découvrent ce phénomène d’exode à leurs portes. Entendre parler d’embarcations malgaches arraisonnées par la marine française de Mayotte. En 1976, les Mahorais choisissaient de rester vivre «en» France, tandis que Madagascar entamait une expérience socialisante qui allait s’avérer catastrophique. Les rodomontades révolutionnaires et progressistes contre l’illégalité voire l’illégitimité de ce référendum se sont depuis longtemps tues, maintenant que, quarante ans plus tard, des  kwassa-kwassa comoriens ou des boutres malgaches tentent de débarquer clandestinement à Mayotte. Le rush vers la maternité de Mamoudzou, capitale de Mayotte, et la perspective d’une naissance «jus soli», accuse la ruine que sont devenues les îles voisines du 101ème Département français». 

Mais, voilà-t-il pas qu’en ce mois de février 2024, Mayotte 1ère rapporte l’arrivée à Chiconi de trois bateaux transportant des migrants somaliens, congolais et malgaches : les embarcations appartiennent à un Anjouanais, mais elles arrivaient de Madagascar. Qu’en savaient les responsables des 5000 kms de frontières que revendique Madagascar...

Dans cette Chronique de 1999, d’une époque d’avant les réseaux sociaux, je concluais par une posture qui était déjà philosophie de vie : «Certains m’accuseront de racisme. C’est le racisme de tout le monde, des miens comme de ceux qui m’accusent. Un racisme ordinaire, pour avoir encore le plaisir de voyager, ne pas se sentir partout chez soi, le dépaysement ailleurs, le chauvinisme à domicile. Un chez vous là-bas, et notre chez nous ici. Je, tu, il, nous, vous...île». 

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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