Le bon grain de l'ivraie

Du riz avarié stocké dans les ports depuis des années. Cinquante conteneurs à Mahajanga et trois conteneurs à Toamasina. Leur découverte défraie la chronique depuis la fin de l’année dernière. Un paradoxe à un moment où le prix du riz fait grincer les dents des consommateurs.

L’affaire est montée en épingle, a pris une tournure pénale quand des autorités ont accordé l’enlèvement de la cargaison du port et sa destruction vu l’odeur nauséabonde qu’elle dégageait. Aussi bien à Toamasina qu’à Mahajanga, aucune commercialisation du riz avarié n’a été constatée au marché. Des responsables administratifs ont été mis en détention préventive après l’enquête menée par la gendarmerie. Leur tort serait d’avoir signé l’enlèvement et la destruction de la marchandise. D’autres responsables et élus de Boeny et de Mahajanga ont été laissés libres.

Ces marchandises ont été stockées aux ports de Mahajanga et de Toamasina depuis plusieurs années pour des raisons que l’on ignore. Comme par enchantement, les deux affaires éclatent presque au même moment. C’est trop flagrant pour être innocent. Tout semble bien orchestré.  Il faut savoir que dans les importations de riz, il y a souvent sinon toujours des avaries dont il faut faire une déclaration aux autorités. Ce qui n’a pas été fait vraisemblablement.

Les marchandises ont été importées par des opérateurs privés. Ils n’ont pas daigné les enlever en temps voulu. Il est difficile de croire que les autorités ont fait pourrir le riz pour se tirer une balle dans le pied. À qui peut donc profiter le crime ? Y a-t-il vraiment une affaire de corruption derrière la tentative de blanchiment du riz alors que l’autorisation indiquait la destruction ?

Autant de zones d’ombre qu’il va falloir élucider autour de ces affaires intrigantes. Le fait que la cargaison est laissée dans les cales plusieurs années laisse perplexe alors que le riz ne paie ni frais ni taxes douaniers.

L’affaire a d’ailleurs pris un accent politique et secoue tout l’appareil du pouvoir. C’est certain que quelqu’un tire la ficelle quelque part pour en tirer le maximum d’avantages. L’enquête doit être ainsi être menée avec finesse et circonspection pour pouvoir distinguer le bon grain de l’ivraie.

Sylvain Ranjalahy

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