Une hécatombe. Jamais une édition de la CAN n’a été aussi fatale pour les supposées grandes équipes.
La Côte d’Ivoire jouant à domicile était prise pour la super favorite du groupe A devant le Nigeria, la Guinée Équatoriale et la Guinée Bissau. Mais après un match d’ouverture gagné face aux Bissau guinéens, les Éléphants ont été bousculés par les Super Eagles du Nigeria et surtout par la Guinée Équatoriale, 0-4. C’est la plus grande raclée jamais essuyée par la Côte d’Ivoire dont la qualification tenait à un fil et qui n’est plus maître de son destin.
L’Algérie, championne il y a cinq ans, a fermé la marche dans son groupe se faisant humilier par les Mourabitounes mauritaniens et quitte le tournoi dès le premier tour pour la seconde fois d’affilée avec deux piètres matches nuls contre l’Angola et le Burkina Faso. Il est loin l’Algérie de Rabah Madjer, Salah Assad, Lakdhar Belloumi, Ali Fergani, Chaabane Merzekane… qui avait terrassé la grande République fédérale d’Allemagne de Karl Heinze Rummenigge, Horst Hrubesh, Paul Breitner, Klaus Fisher, Pierre Littbarski, Harald Schumacher…au Mondial 1982.
Les Black Stars du Ghana, un des plus titrés du continent, quart de finaliste du Mondial 2010, ont également fini avant dernier de leur groupe derrière le Cap Vert et l’Égypte après avoir été accroché par le Mozambique (2-2). L’équipe des frères Pelé n’a rien montré devenant une équipe ordinaire alors qu’on la considérait comme un prétendant au titre.
La Tunisie, un autre grand du Maghreb termine bon dernier de son groupe derrière le Mali, l’Afrique du Sud et la Namibie. Les Aigles du Carthage n’ont marqué qu’un petit but. Un maigre bilan pour les coéquipiers de Khazri pourtant demi-finaliste en 2019.
Que dire du Cameroun miraculé après une déroute face aux Lions de la Teranga du Sénégal et une victoire inespérée face à la Gambie qui menait et dominait à cinq minutes de la fin.
C’est le monde à l’envers.
En tête de poule on retrouve les prétendus sans grade comme la Guinée Équatoriale, le Cap Vert, l’Angola. Trois pays lusophones dont les joueurs jouent pour la plupart au Portugal et en Espagne. Certains joueurs ont même été sélectionnés dans les équipes jeunes de ces pays avant de changer d’option. Ce qui explique en partie leurs performances.
Mais cela ne justifie pas la descente aux enfers de l’Algérie, du Ghana, du Cameroun et de la Tunisie dont les équipes sont également composées de stars jouant en Europe pour la plupart.
Pour le moment, seuls le Sénégal, le Mali, l’Égypte ont tenu leur rang. Mais rien n’est encore joué. L’Égypte de Mo Salah est loin d’avoir convaincu de même que le Mali. Le Sénégal semble bien disposé pour garder son titre, mais le Cap Vert est de taille à lui opposer une farouche réplique si jamais les deux équipes se retrouvent en finale. Telle qu’elle est partie, et comme la rébellion n’est pas encore terminée, on pourrait assister à une finale tout à fait inédite entre « pays émergents ». Les petits pays ont consenti beaucoup d’efforts pour se mettre au niveau des goliaths. Ils y sont parvenus avec la manière en plus. Ils jouent avec une admirable détermination sans complexe ni pression. Tout ce qui arrivera désormais à eux sera du bonus.
Sylvain Ranjalahy