De l’or et des devises, l’État garnit sa trésorerie. Elle semble loin l’époque où les exportations aurifères étaient au point mort. Les autorités se lancent désormais un défi audacieux, celui d’augmenter le volume des exportations de l’or. Ainsi, la Grande île pourra désormais exporter jusqu’à quinze tonnes par an contre à peine plus de dix tonnes pour la période comprise entre 2016 et 2020. Ces années pendant lesquelles les exportations aurifères du pays se sont estompées et ce, jusqu’en 2023 où le gouvernement a décidé de la reprise effective des exportations aurifères.
Maintenant que la filière a été « assainie », du moins sur le plan administratif où certains rouages de la chaîne d’approvisionnement et de sortie du métal jaune ont été allégés, le défi est de taille mais reste sensible. L’exécutif table aussi sur des recettes en devises de 900 millions de dollars, soit plus de 44 100 milliards d’ariary si l’on se réfère au contenu de la Politique générale de l’État couchée sur papier dans le compte rendu du Conseil des ministres. Seulement, ce geste de l’État peut être interprété comme une volonté de remettre à nouveau sur les rails la filière aurifère, mais aussi pour stabiliser la monnaie nationale via les rentrées en devises.
Auparavant, avec un système quasi-obsolète et des règlementations floues, le rapatriement de devises était dérisoire. Si l’on croit les chiffres fournis par l’administration minière et la Cour des comptes dans un rapport public datant de 2022, « En contrôlant les déclarations d’exportation d’or faites par Madagascar, et les déclarations d’importation y provenant entre 2018 et 2021, la Cour des comptes a constaté un écart de 4,5 tonnes, soit l’équivalent de 772 milliards d’ariary de pertes en devises ». Des pertes gargantuesques contre des ressources non renouvelables qui partent à vau l’eau ! Les acteurs de la filière, ainsi que les observatoires de la société civile espèrent ainsi un contrôle plus poussé de ce secteur d’activité, évitant ainsi que des ressources telles que l’or s’évaporent dans la nature.
Quoi qu’il en soit, l’administration minière semble plus que jamais déterminée à garder la filière et garantir le rapatriement de devises. C’est d’ailleurs une des conditions imposées pour l’obtention d’un agrément de comptoir. Les services publics concernés par l’exportation aurifère sont aussi regroupés au guichet unique d’exportation de l’or à Ivato pour garantir de la manière la plus optimale possible le rapatriement de devises dans les plus brefs délais.
Itamara Randriamamonjy