La semaine écoulée a vu le monde du football frappé par un impitoyable orage qui a foudroyé deux de ses légendes qui ont la particularité d’avoir soulevé la coupe du monde comme joueur, puis comme sélectionneur. Une mortelle intervalle de deux jours a suffi pour enlever à la terre deux noms qui ont su écrire des chapitres prestigieux à la gloire du football: Mario Zagallo et Franz Beckenbauer ont, de ce fait, inscrit leur nom dans des pages héroïques de l’épopée du sport, un chant où ils seront loués pour l’éternité.
Et l’éternité, ils l’ont obtenue, l’ont gagnée en faisant preuve d’un héroïsme modèle sur les champs de bataille qui s’érigent dans les stades. Des parcours héroïques qui ont abouti à ces sacres mondiaux, acquis, à la fois sur le terrain et depuis le banc du tacticien, un palmarès qui n’a été imité que par Didier Deschamps en 2018. Et comme pour les héros grecs, leurs faits d’armes resteront dans la mémoire des hommes. Ils ont réussi à bâtir une histoire héroïque qui, selon Hannah Arendt dans La condition de l’homme moderne, fait accéder à l’immortalité.
Mario Zagallo a été un des prêtres qui ont insufflé la samba dans le football brésilien en apothéose, ayant contribué trois fois au couronnement de son pays dont la richesse des mouvements et la créativité ont conquis le royaume footballistique en 1958 et 1962 avec des artistes, d’illustres coéquipiers de Zagallo, comme Pelé et Garrincha et en 1970 avec une des meilleures équipes de l’histoire entraînée par Zagallo qui a continué à perpétuer le spectaculaire jeu offensif qui a ébloui les spectateurs.
Beckenbauer, qui a révolutionné le poste de défenseur, en mettant sa vision du jeu, et sa technique imparable au service de l’organisation du jeu et des mouvements offensifs au sein de la formation allemande dont l’art du « gegenpressing » et son rythme de jeu rapide qui récupère le ballon en un tour de main ont vaincu le « football total » néerlandais, ancêtre du tiki-taka de Guardiola, en 1974. Et en 1990, il complète son chef-d’œuvre footballistique en étant le sélectionneur de l’équipe allemande victorieuse.
Comme Hector et Achille qui ont transcendé le temps grâce à leurs exploits guerriers qui les ont inscrits, pour l’éternité, dans les mémoires, Mario Zagallo et Franz Beckenbauer ont aussi, à jamais, laissé des empreintes indélébiles dans l’histoire du football, dans ce riche récit épique peuplé de héros modernes qui ont su faire vibrer le monde. Et Zagallo et Beckenbauer ont, chacun, écrit de grands chants de cette épopée.
Fenitra Ratefiarivony