Blâmer

Le contraire aurait étonné. L’État a décidé de mener une enquête sur la multiplication des remblais illicites dans la Capitale. Comment rester indifférent face à la prolifération des remblais illicites pour la plupart, un peu partout dans la Capitale. Sur le By Pass, sur l’axe Tsarasaotra-Ivato, sur la route de la Francophonie et on en passe et des meilleurs, des chantiers de remblais non autorisés jonchent les deux côtés de la rue. Récemment, la CUA a scellé quelques chantiers sur la route de la Francophonie mais cela n’a pas empêché l’hémorragie.

En février 2023, suite aux graves inondations qui ont sévi dans la Capitale, le gouvernement a sorti un décret interdisant les remblais sauf autorisation du Conseil des ministres. Toute autorisation donnée sans l’aval du Conseil des ministres est nulle et non avenue. Ce décret avait annulé les autorisations accordées auparavant. Tout contrevenant s’exposait à des sanctions, de même que les propriétaires du matériel utilisé.

Les remblais se sont arrêtés un moment, le temps de laisser passer l’orage aux sens propre et figuré du terme, pour reprendre de plus belle. Pire, les surfaces remblayées ont été décuplées et les travaux effectués avec des grands moyens, surtout la nuit, loin des regards indiscrets et de la surveillance des caméras. Certains camions portent l’inscription “ Projet présidentiel” sans qu’on puisse voir un tableau indiquant l’existence d’un tel projet. La plupart des “projets” sont des quincailleries.

Le fait est qu’une grande partie du By Pass ainsi que de la route de Francophonie a été remblayée en un rien de temps. Par crainte de sanctions, certains propriétaires se sont empressés de construire sitôt le terrain remblayé sans attendre que le terrain se tasse. Et l’emprise de 12,50m imposée lors de la construction des routes n’est plus respectée. Certaines constructions accostent le bord de la chaussée.

Le tout se passe au vu et au su de tout le monde comme si on se trouvait dans un pays où l’anarchie fait office de loi. L’intervention de l’État arrive ainsi à point nommé avant qu’il ne soit trop tard.

Du rififi s’annonce contre les responsables de cette gabegie. Il faut comprendre que si les remblais reprennent, c’est qu’ils ont été justement permis par d’autres voies que le Conseil des ministres. Les blâmes suivront inévitablement les remblais.

Sylvain Ranjalahy

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