Une obstination mal venue de devenir nobles

Andrianampoinimerina, en grand roi, sait faire preuve de mansuétude comme de sévérité. 

Après les Andriantompokoindrindra et les Andrianamboninolona, c'est aux Andriandranando de se faire connaître par Andrianampoinimerina. Ils font partie des descendants des parents du roi Ralambo. Ce dernier souverain les place à la troisième place dans la hiérarchie nobiliaire, mais ils ne tiennent plus que la sixième position, après l'aménagement apporté par Andriamasinavalona. Ils sont installés entre Betsizaraina et Ambohitsaratelo.

Les Andriamanangoana revendiquent leur appartenance au clan des Andriandranando. S'expliquant devant Andrianampoinimerina, ils avancent que leur ancêtre, Andriantonimanjaka, originaire d'Ambohijoky, émigre à Ambohipeno sous Ralambo.

Pourtant, quand ce dernier crée les classes nobles, il n'y intègre pas Andriantonimanjaka, pas plus que dans celle des Andriandranando. Il lui demande toutefois « de rester pour devenir notre parent ». Andriantonimanjaka a plusieurs enfants, dont Andriamanangoana, et sa descendance se multiplie beaucoup.

Sous les différents souverains qui se succèdent en Imerina, les Andriamanangoana ne cessent de revendiquer « leur droit à faire partie des Andriandranando ». 

Sous Andrianjaka, fils cadet de Ralambo, ils parlent d'intégrer les Andrianteloray (trois noblesses de même souche) qui rassemblent les trois premières classes nobiliaires déterminées par Ralambo. Pourtant, le roi se refuse de modifier l'organisation établie par son père.

Sous Andriamasinavalona, ils réitèrent leur requête, la présentent comme une marque de reconnaissance royale, car « nous avons aidé Ralambo et Andrianjaka à conquérir des territoires ». Mais le grand monarque, comme ses aïeux, leur suggère de « garder leur place ».

Devant Andrianampoinimerina, ils estiment que « leur droit » doit être enfin reconnu. Mais le roi rétorque « qu'il ne s'agit pas de situation géographique, mais de position sociale ».

Sa réponse ne s'arrête pas là. 

« Vous n'agissez pas comme des nobles, aussi vais-je vous rabaisser au rang des roturiers. Désormais, vous ne vous appellerez plus les Andriamanangoana, mais les Tahiamanangoana. » Néanmoins, pour les distinguer, Andrianampoinimerina leur confie la charge « des matériaux nécessaires à la construction des palais royaux ».

Évidemment, les Andriamanangoana protestent avec véhémence. Ils oublient que le roi a une dent contre eux et il ne manque pas de le leur rappeler. 

« Restez tranquille et soyez heureux de ne pas mourir. » Et il leur rafraîchit la mémoire en évoquant la nuit où ils ont refusé l'entrée d'Ambohipeno alors qu'il est venu pour y installer Andrianambolamena et ses partisans, pour les préserver du seigneur d'Ambohijanaka . Celui-ci a voulu mettre à mort les Andria­nambolamena, parce qu’ils ont pris parti pour Andrianampoinimerina.

« De toute manière, les Andriamanangoana sont un peuple indiscipliné aux fétiches puissants, comportement indigne d'un noble », souligne le souverain. Et de conclure: « Il vous est désormais interdit de vivre à Ambohipeno et d'évoquer votre noble origine. »

De leur côté, les habitants d'Imerimanjaka se vantent aussi de faire partie de la noblesse. Mais les Zanamihoatra réfutent leur assertion.

« Sous Andriantsitakatrandriana et sous Andrianamboatsimarofy (rois d'Antananarivo) vous prenez les mêmes femmes que nous, mais c’est parce que vous êtes liés à Alasora que vous vous élevez à un rang nobiliaire! »

Pour régler le litige, Andria­nampoinimerina défie les Imerimanjaka de passer par l'épreuve du tanguin afin de prouver leur origine noble. Mais ils prennent peur et se rétractent. 

Dans sa colère, Andrianampoinimerina les menace de la peine capitale s'ils persistent à se vanter d'être nobles. Il en profite pour mettre en garde les clans roturiers qui « jouent avec les collines sacrées ».

Pela Ravalitera

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