À Menabe, l’ancienne usine publique Sucoma est aujourd’hui au cœur d’une affaire de pillage qui suscite l’indignation de la population locale. Autrefois connue sous le nom de Siranala, cette entreprise d’État jouait un rôle important dans l’économie de la région. Après avoir été louée à des investisseurs étrangers, l’usine a été progressivement abandonnée, laissant ses infrastructures sans protection.
Les habitants affirment que cette situation a favorisé un vaste trafic de fer. Des équipements métalliques de l’usine auraient été démontés et transportés hors du site. Selon eux, des centaines de camions ont été mobilisés pour transporter ces matériaux, sans autorisation claire ni retombées financières pour la commune.
D’après les estimations locales, environ 720 voyages de camions auraient quitté Sucoma. Chaque chargement aurait rapporté près de deux millions d’ariary. Le manque à gagner total est évalué à plus de 1,4 milliard d’ariary, une somme qui aurait dû renforcer les finances communales.
À ces pertes s’ajoutent d’autres revenus non perçus. Trois pylônes de téléphonie installés sur le territoire communal génèrent des loyers mensuels. Pourtant, ces montants n’auraient jamais été reversés à la commune, selon les dénonciations des habitants.
Malgré l’existence de documents et d’éléments matériels, aucune avancée judiciaire significative n’a été constatée. Seuls des agents de second rang auraient été inquiétés, tandis que les responsables présumés n’ont pas été poursuivis.
Pour les citoyens de Menabe, l’affaire Sucoma symbolise un pillage des biens publics et un manque de transparence. Des organisations locales appellent désormais l’État à intervenir afin de faire la lumière sur cette affaire et de protéger ce qu’il reste du patrimoine public.
Irina Tsimijaly