Les internes des hôpitaux appliquent le « service zéro ». Des patients et des infirmiers dénoncent des problèmes dans la prise en charge, en raison de leur absence.
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Les internes de médecine ont manifesté dans la rue hier. |
Des proches de patients du Centre hospitalier universitaire Joseph Ravoahangy Andrianavalona (CHU JRA) se sont alarmés, hier, du retard dans la prise en charge médicale. « Les résultats des analyses sont déjà disponibles, mais aucun médecin n’est présent pour les interpréter. On nous a dit qu’ils sont au bloc opératoire, alors que ces analyses sont urgentes pour la suite des soins », ont-ils expliqué, visiblement impatients.
Les internes, censés seconder les médecins titulaires, étaient absents des hôpitaux. Cette absence a également déstabilisé le personnel infirmier de garde.
« Nous devons assurer le travail des internes depuis ce matin, mais nos compétences sont limitées. Les médicaments que nous pouvons prescrire le sont aussi. Et si un patient fait une crise, nous ne saurions pas réagir correctement, car ce n’est pas de notre ressort, alors que les médecins titulaires sont tous au bloc », expliquent deux infirmières en stage à l’hôpital.
Catastrophique
Au service des urgences, le personnel a reconnu avoir été soulagé par le faible nombre de patients. « Heureusement, il n’y a que cinq patients pour le moment. La situation aurait été catastrophique en cas d’accident collectif ou d’autre événement majeur », témoignent-ils. Selon leurs explications, les internes en médecine jouent un rôle clé dans les services hospitaliers au quotidien, notamment face au sous-effectif du personnel médical à Madagascar.
Ce sont les patients les plus vulnérables qui ont payé le prix de cette grève des internes. « La délivrance des médicaments gratuits dépend de la signature et du cachet d’un médecin ou d’un interne. Mais le médecin est au bloc et les internes sont absents », soulignent des infirmiers de garde.
Le ministère de la Santé publique a tenu à affirmer que le personnel de santé des centres hospitaliers a assuré ses activités quotidiennes normalement.
L’Union des internes de Madagascar a lancé une grève hier matin, ne garantissant aucun service minimum dans les hôpitaux et centres de santé de base (CSB) d’Antananarivo, de Toliara et de Fianarantsoa. Ils revendiquent l’amélioration de leurs conditions de vie, ainsi que du système de santé et des infrastructures hospitalières.
Une rencontre avec le ministre de la Santé publique, le professeur Zely Randriamanantany, au CHU JRA, hier après-midi, n’a pas permis de satisfaire leurs demandes. Les internes menacent de poursuivre ce « service zéro » pour une durée indéterminée, jusqu’à l’obtention de satisfaction à leurs revendications.
Miangaly Ralitera