La détresse psychologique frappe durement les familles, en cette période de manifestations. Pour de nombreux ménages, la vie quotidienne est un combat permanent, qui fait sombrer dans la dépression. «Je suis au bord de la dépression. Je dors peu, j’ai souvent envie de pleurer, j’ai peu d’appétit, depuis ces manifestations qui ont ralenti nos activités. Mes dettes s’accumulent à des millions d’ariary, alors que les revenus sont minimes», déplore Avotiana Espérance, une commerçante de bijoux, hier.
Beaucoup ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Entre le logement, la scolarité des enfants et la nourriture, les dépenses s’accumulent et les dettes s’empilent. «Nous louons un logement pour 60 000 ariary, payons 30 000 ariary par mois pour la scolarité des enfants et devons subvenir aux besoins quotidiens de la famille. Pour pouvoir manger chaque jour, nous nous levons tôt, mais souvent sans succès, car nous sommes obligés de quitter le marché avant midi, pour éviter les tirs de gaz lacrymogènes et les jets de pierre. La nourriture manque, et il arrive que nous recourions à des crédits dans les épiceries locales», témoigne une commerçante de friperie à Mahamasina.
Des parents doivent jongler avec plusieurs activités pour tenter de maintenir leur foyer à flot. Certains cumulent même trois emplois pour assurer la survie de leur famille. «Je travaille comme livreur, taxi-bicyclette et chercheur d’eau auprès de quelques voisins, mais la nuit reste courte, car le corps est fatigué alors que le cerveau tente de trouver des solutions face aux revenus insuffisants», témoigne Richard, habitant à Andrefan’Ambohijanahary.
Le stress psychologique gagne du terrain. L’Ordre national des psychologues à Madagascar a constaté une hausse de la demande de prise en charge de personnes souffrant de dépression, selon Mihanta Ravelonarivo, psychologue, hier, dans le cadre de la Journée mondiale de la santé mentale. Elle conseille que la gestion émotionnelle et le lâcher-prise sont importants en cette période de crise.
Miangaly Ralitera