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Les internes du CHU Place Kabary ont répondu à l'appel à la grève. |
Après plus d’une semaine de fortes tensions, la ville d’Antsiranana a retrouvé son calme dans la journée d’hier (jeudi) et ce, malgré l’annonce d’une nouvelle intensification de la manifestation étudiante.
Les rues principales sont demeurées ouvertes à la circulation, les taxis-bajaj ont sillonné les différents axes de la ville, les écoles publiques et privées ont rouvert leurs portes, les commerces ont fonctionné normalement, les bureaux de l’administration publique ont également repris leurs activités, et même les vendeurs du Bazarikely ont à nouveau étalé leurs marchandises sans contrainte. La vie quotidienne semble ainsi reprendre son cours.
Cette atmosphère paisible paraît presque inhabituelle pour les habitants, encore marqués par les tensions et les épreuves vécues durant ces deux semaines agitées. Dans les rues, seuls les éléments des forces de défense et de sécurité restent visibles, notamment autour des zones jugées sensibles.
Pour l’heure, la raison exacte de cette trêve reste inconnue, malgré les affrontements qui ont opposé, mercredi, les forces de l’ordre aux étudiants manifestants. Ce calme surprend d’autant plus que, lors de leur dernière mobilisation, les étudiants ont annoncé un durcissement de leur mouvement, affirmant recevoir désormais le soutien de plusieurs catégories professionnelles et sociales.
Des internes en grève
Pour l’instant, seuls les internes du Centre hospitalier universitaire de Place Kabary ont répondu à l’appel des étudiants et suivi les consignes venues de la capitale, en lançant à leur tour une grève illimitée. Ces derniers n’ont pas encore rejoint les manifestations de rue, mais préfèrent poursuivre leur mouvement à l’intérieur de l’hôpital.
Les jeunes praticiens, en première ligne dans les services d’urgence et de soins, dénoncent des conditions de travail jugées insoutenables et un manque de reconnaissance de leurs efforts.
« Nos salaires sont loin de refléter les efforts que nous fournissons, alors que nous travaillons sans relâche, jour et nuit. Il est inacceptable que nos indemnités ne s’élèvent qu’à 600 ariary par jour. C’est pourquoi nous nous unissons à l’ensemble des internes du pays pour revendiquer nos droits, ainsi que ceux de tous les professionnels de la santé », confient-ils.
Toutefois, cette grève a un impact direct sur le fonctionnement de l’hôpital. Plusieurs services tournent au ralenti, notamment les urgences et la pédiatrie. Certains patients ont été contraints de se tourner vers des cliniques privées, plus coûteuses, ou d’attendre la reprise du service normal.
En revanche, d’autres administrations régionales, comme la douane, l’environnement ou encore les services déconcentrés de certains ministères, n’ont pas encore suivi le mot d’ordre de mobilisation. Seuls les agents pénitentiaires d’Antsiranana ont publié un communiqué affirmant leur refus d’accueillir de nouveaux détenus, à l’image de leurs collègues d’Antananarivo et d’autres régions.
Même si la situation semble maîtrisée pour le moment, le calme en ville demeure fragile. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si cette accalmie s’installe durablement ou s’il ne s’agit que d’une trêve avant de nouvelles mobilisations.
Raheriniaina