ANDRY HILDECŒUR HENINTSOANARIVO - « Le travail en dehors du terrain est déterminant »

L’ancien entraîneur de l’Uscafoot puis d’Elgeco Plus, champion de Madagascar en titre, Andry Hildecœur Henintsoanarivo, a été l’entraîneur adjoint de Corentin Martins lors des six derniers matchs des Barea A aux éliminatoires de la Coupe du monde.

Le coach adjoint des Barea A, Hildecœur  Henintsoanarivo.

Quelles étaient vos principales tâches au sein du staff ?

J’ai tout d’abord assuré la détection des joueurs locaux, formulé des propositions et donné mon avis sur les aspects techniques, leurs points forts et ceux à améliorer. Nous échangions en permanence sur le plan technique et préparions ensemble les entraînements du lendemain. Le staff organisait systématiquement des réunions pour répartir les tâches, mais c’est toujours le coach qui prenait la décision finale. Il est à l’écoute et consulte chacun des membres du staff. Il nous demandait notre avis sur la conception des séances et la gestion des matchs.

Nous épaulions et accompagnions le coach dans la composition de l’équipe. Notre collaboration était collégiale. Il m’arrivait parfois de jouer le rôle de traducteur entre le coach et les joueurs locaux. Je ressens une satisfaction personnelle à chaque fois que le coach applique mes conseils ou mes propositions. Je participais également à l’analyse vidéo tactique avec le reste du staff.

Quelles leçons avez-vous tirées des six matchs qualificatifs pour la Coupe du monde ?

Il faut être à jour et compétent, car nous parlons d’une équipe de haut niveau composée de joueurs professionnels. Nous devons être à la hauteur. Nous avons peut-être tendance à minimiser la phase de préparation, notamment la gestion de la fatigue après les voyages, alors qu’il est essentiel de bien doser les entraînements, que ce soit avant ou après les matchs.

Il existe un planning spécifique, incluant du vélo en salle, du jogging, etc. Nous devons aussi faire des recherches, car le football évolue sans cesse. Il faut savoir tirer des leçons, pas simplement copier. La gestion du groupe est également primordiale. J’ai été impressionné par la sérénité et le calme du coach, qui reste à l’écoute des joueurs malgré la pression.

Il faut respecter la répartition des tâches : qui fait quoi, et quand. Le coach donne les directives, et il ne faut jamais empiéter sur le domaine des autres, qu’il s’agisse du staff technique, de la communication ou de l’administration. La coordination est essentielle. Le planning et le dosage des entraînements sont bien définis à l’avance. Il ne faut pas surcharger pour éviter la fatigue des joueurs, ce qui pourrait impacter leur performance durant les matchs.

Le relationnel est également crucial : entre coach et staff, tous les joueurs doivent être traités sur un pied d’égalité. Il faut respecter les horaires, les tenues, et éviter tout favoritisme, qu’il s’agisse des anciens, des cadres ou des nouveaux. Cela crée une dynamique positive et renforce la solidarité du groupe. Les joueurs s’encouragent sur le terrain.

Durant les séances de préparation mentale, nous consolidons la confiance, la rage de vaincre, le plaisir de jouer, la gestion de la pression et la manière d’éviter le stress. Le travail en dehors du terrain est très important, car il fait partie des facteurs de performance de l’équipe. Bref, nous travaillions du matin jusqu’à tard le soir, chaque jour.

Étiez-vous en charge uniquement des joueurs locaux ou également des expatriés ?

Il n’y a pas de coach adjoint dédié uniquement aux locaux ou aux expatriés. Nous travaillons ensemble, de manière collégiale, selon les tâches attribuées et le planning du jour.

Nous nous occupons de tous les joueurs, parfois chargés de l’aspect technico-tactique en défense, et nous encourageons tout le groupe sans distinction. Par exemple, j’ai dû assurer l’encadrement des joueurs durant les séances de bain de glace après les matchs.

Il n’y a pas de staff pour les locaux d’un côté et pour les expatriés de l’autre. Il n’y a qu’un seul groupe : les Barea. Nous nous entraînons ensemble. Nous sommes solidaires, staff technique comme joueurs, et c’était d’ailleurs la force de l’équipe. Nous n’utilisons même pas les termes « locaux » et « expatriés ».

Quelle sera la suite de votre collaboration avec le coach Corentin Martins et son staff ?

Je continue à échanger avec le coach après la campagne. Je viens de lui envoyer un bilan, et nous discutons aussi des perspectives à venir. Notre collaboration a été un succès, sans incident, bien coordonnée et harmonieuse.

Nous avons enregistré quatre victoires en six matchs, ce qui représente l’une des meilleures performances des Barea, sans vouloir offenser les précédentes équipes. Les Barea ont aussi brillé au CHAN. Ce serait encore mieux si notre collaboration pouvait se poursuivre.

De toute façon, ce n’est pas à nous de décider de la suite. Nous verrons si la Fédération, le ministère, l’État, et surtout le peuple malgache, ont encore confiance en nous. Logiquement, la prochaine campagne à préparer serait celle des qualifications pour la CAN. Le contrat du coach dure un an, et ce sera aux décideurs de trancher sur notre reconduction ou non.

Quels sont vos prochains projets ? Avez-vous l’intention de succéder à Rôrô pour le prochain CHAN ?

J’ai de nombreux projets, mais à court terme, j’ambitionne d’atteindre les normes et la qualité internationales. Je vais convaincre la Fédération de mettre en place un département de formation. Nous en avons besoin, car dans la vie, il ne faut jamais cesser d’apprendre ni se contenter des acquis.

 Serge Rasanda

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne