Refaire les rues à Tana constitue une entreprise à l’infini à l’image du tonneau des Danaïdes, récipient sans fond, que les filles du roi Danaos devaient remplir à titre de sanction dans la mythologie grecque. Tout rappelle d’ailleurs cette époque lointaine avec la pauvreté matérielle et mentale débouchant de la population sur une anarchie inénarrable.
Ainsi, la rue dite Vatobe aux 67 ha menant vers Andohatapenaka se trouve dans un état si délabré que la population l’a simplement barrée. C’est une rue typique de la plupart des artères dans la capitale où l’évolution démographique a sensiblement nui au développement urbain. Toute règle des exigences de la vie citadine tombe dans la désuétude et l’ignorance.
Les égouts s’ils existent se confondent avec les bacs à ordures.
Des constructions illicites bordent la plupart des rues à Ilanivato, 67 ha, la route de la francophonie, Besarety, Ambodivona, Ankasina…. et chaque propriétaire a pris bien soin de boucher les canaux d’évacuation pour dévier les eaux de pluie et de ruissellement pour protéger leurs maisons. Ainsi, période de pluie ou pas, les travaux de réfection ne dure guère. On refait la chaussée sans toucher aux égouts et canalisations. C’est d’ailleurs impossible étant donné que cette entreprise aurait dû être faite en amont. Maintenant il va falloir carrément détruire beaucoup de bâtisses érigées à même le trottoir pour pouvoir créer une conduite pour faire sortir de l’eau. Une décision difficile à prendre dont on imagine aisément les conséquences sociales et politiques à l’image de la réorganisation des marchands de rue dans la capitale qui n’a pas résisté aux pressions populaires et politiques.
Ainsi, tous ceux qui ont le courage de prendre la direction de la capitale avec une belle détermination affichée durant la campagne électorale, ont dû ravaler leurs ambitions. Ils ont préféré entreprendre des travaux dont on sait que l’espérance de vie ne dépassera pas quelques mois. Il existe certainement des statistiques à propos du nombre des travaux de réhabilitation de ces rues et on peut affirmer sans risque de se tromper qu’au moins les remises à neuf ont lieu deux fois dans l’année.
Les responsables de la CUA et des Travaux publics ont essayé tous les types de chaussée, de l’asphalte au béton en passant par le pavé. Rien ne résiste à la guerre d’usure opérée par l’eau dont les résultats sonnent comme une fatalité.
Déjà avec les problèmes de budget, la CUA a du mal à maintenir les rues en bon état, trouver des financements pour des travaux imprévus est une véritable gageure. Et les rues se détériorent davantage vite avec la circulation des gros camions sans la moindre réglementation ni en termes d’heure ni question essieu et tonnage.
Mais tôt ou tard il va falloir prendre une décision radicale étant donné qu’on ne pourra pas ménager la chèvre et le chou jusqu’à l’éternité. La solution tombera peut-être du ciel si ce n’est déjà le cas. Eh oui, l’un des avantages du téléphérique est d’être débarrassé des nids de poule. Pour le moment, aucun passager n’a éprouvé un … trou d’air.
Sylvain Ranjalahy