Entre exposition et conférence, l’événement organisé par Harena France à la Fondation Lucien Paye a réuni diaspora et public international autour du patrimoine malgache.
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L'artiste Jean Andrianaivo Ravelona a présenté son tableau aux visiteurs en France. |
Paris a accueilli la mémoire malgache. Du 12 au 21 septembre, l’association Harena France a porté haut les couleurs du patrimoine d’Anatirova à la Fondation Lucien Paye – Cité Internationale Universitaire de Paris. Sous le titre évocateur « Ny Hasin’Anatirova », une exposition et une conférence ont mis en lumière la richesse culturelle et l’importance sacrée du Rova.
L’historien et académicien Harilala Ranjatohery, bien qu’ayant été empêché de voyager faute de visa malgré une demande déposée un mois et demi plus tôt, a tenu son exposé par visioconférence. Avec rigueur et passion, il a retracé l’histoire d’Anatirova, de sa création jusqu’à ses moments les plus marquants, dénonçant notamment la désacralisation causée par des constructions modernes, à l’image du Colisée.
« C’est un devoir des Fara mandimby de hisser, de protéger et de valoriser un patrimoine tel qu’Anatirova, afin que sa sacralité et sa beauté soient restaurées », a-t-il déclaré, sous l’écoute attentive d’une centaine de participants.
"Hasin’Anatirova"
Côté arts visuels, Amalia Ramanankirahina a présenté des œuvres fortes telles que Le Monument furtif en 2011, Portraits de famille depuis 2013 et son récent Autoportrait vidéo en 2025. Ses créations, traversées de mémoire et de questionnements identitaires, revisitent archives familiales et monuments disparus. L’image d’un insecte naturalisé frappé du sigle « RF », ou encore son cocon de papier fragile, interrogent : qu’est-ce qu’être « naturalisé » ?
Peut-on renaître après la perte ou la dépossession ?
En parallèle, Jean Andrianaivo Ravelona a dévoilé son univers à travers Lovakolo Anatirova, une série de dix œuvres empreintes de symbolisme. Réalisées en peinture sur toile, dans le style Ay Fanahy, elles comprennent notamment une grande composition représentant l’ensemble du patrimoine d’Anatirova : Besakana, Mahitsielafanjaka, Tranovola, Manjakamiadana, Manampisoa, l’église royale, entre autres.
Chaque toile traduit son attachement profond au Rova, sanctuaire qu’il considère menacé.
« Le Lapa Masoandro est l’un des grands projets de la reine Ranavalona III, malheureusement exilée tragiquement en 1896. Sa fondation en pierre atteint déjà plus d’un mètre de hauteur, ce qui en fait pleinement partie du patrimoine à protéger. L’enceinte d’Anatirova est réservée au passé et au siècle dernier : elle doit être formellement interdite à toute nouvelle construction », a-t-il expliqué.
L’artiste a également pris part à la conférence, partageant avec un ton émotionnel son parcours, sa vision et son engagement pour la sauvegarde de la culture d’Anatirova.
Entre émotions, savoirs et créations, la soirée de clôture du 21 septembre a marqué les esprits. Elle a surtout rappelé, aux Malgaches comme aux étrangers présents, que le patrimoine d’Anatirova n’est pas seulement une trace du passé : il demeure une force vivante, un repère sacré et un héritage à transmettre.
Nicole Rafalimananjara