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L'exposition à la Cité des Cultures durera un mois et est ouverte au grand public. |
Il est quatorze heures trente, mardi, quand le tour du propriétaire débute. Dans le hall d’exposition de la Cité des Cultures à Antaninarenina se dresse une mosaïque de graphiques et de pièces d’archives sur l’histoire économique de la Grande Île. Avec les journalistes et les quelques étudiants présents, les guides s’activent à expliquer les tenants et aboutissants de l’exposition.
Les premiers panneaux de l’exposition révèlent une économie dynamique, intégrée dans les réseaux d’échanges de l’océan Indien. Des recherches récentes soulignent les vives interactions commerciales des premières populations de l’île avec la côte est-africaine et les pays du Golfe. « Depuis le XIIe siècle, le port de Mahilaka, situé sur la côte nord-ouest de Madagascar, a émergé comme un centre dynamique du commerce maritime », indiquent les panneaux, soulignant l’importance de ces échanges.
Les activités commerciales, centrées sur l’importation de perles et de céramiques et l’exportation de fer et d’objets en chloritoschiste, ont contribué à la création de réseaux marchands puissants. Madagascar, dès l’Antiquité, était un lieu d’effervescence commerciale, comme l’attestent des textes arabo-persans évoquant des contacts avec le Golfe Persique.
Échanges renforcés
Le XIXe siècle est marqué par l’européanisation de l’économie, avec des échanges renforcés sur la province maritime orientale du royaume. Cette période a intensifié les relations avec les puissances occidentales, notamment la Grande-Bretagne et la France (pour certaines régions qui n’ont pas été conquises par Radama Ier). Cette période s’inscrit dans un contexte de rivalité entre ces deux puissances pour l’océan Indien.
L’implantation coloniale française a développé des infrastructures et favorisé des cultures d’exportation, tout en intégrant Madagascar aux marchés mondiaux, mais cela s’est fait au détriment de l’industrialisation locale et de l’autonomie économique. Après l’indépendance en 1960, Madagascar a tenté de diversifier son économie et de renforcer son autonomie, mais l’instabilité politique et des chocs économiques ont freiné ces avancées, entraînant un ralentissement de la croissance. Depuis la fin de la Première République, la Grande Île subit des crises cycliques, fragilisant son tissu industriel et son développement, malgré des atouts considérables.
Organisée par FTHM Consulting en partenariat avec l’Université d’Antananarivo, cette exposition durera jusqu’au 31 octobre prochain. Elle est destinée aux étudiants, au grand public, mais aussi aux chercheurs et investisseurs qui veulent se renseigner sur l’histoire économique du pays.
Alain Pierre Bernard, consultant auprès de FTHM Consulting, souligne l’importance de cette exposition. « À travers cette exposition, notre objectif est double : offrir à chacun une occasion unique de mieux comprendre les racines de nos défis actuels et montrer que la gouvernance et les leçons du passé sont des leviers essentiels pour bâtir un avenir plus juste et prospère », a-t-il déclaré lors de l’ouverture de l’exposition, qui se poursuivra jusqu’au 31 octobre.
Itamara Otton