TVA SUR LES CRÉDITS BANCAIRES - La microfinance échappe à la réforme fiscale

À Madagascar, une TVA de 20 % s’applique désormais aux crédits bancaires. Les institutions de microfinance en sont exclues pour protéger les plus vulnérables.

Des travailleurs du secteur des petites entreprises.

Depuis le 17 juillet 2025, les intérêts des crédits bancaires à Madagascar sont soumis à une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 20 %, conformément à la loi de finances n° 2024-025 et à une circulaire de la Direction générale des impôts datée du 14 juillet. Cette réforme s’applique à tous les nouveaux prêts accordés par les banques commerciales, qu’il s’agisse de crédits professionnels ou commerciaux. Les emprunts contractés avant cette date restent exonérés jusqu’à leur échéance.

Certains financements sont toutefois exclus du dispositif. Les crédits à la consommation destinés aux particuliers - pour l’achat d’un véhicule, de meubles ou le financement d’études - ne sont pas concernés. Autre exception majeure : les établissements de microfinance (IMF) échappent à cette taxation.

« Les établissements de microfinance ne sont pas soumis à cette réglementation, afin de préserver l’accès au financement pour les personnes les plus vulnérables. Cette mesure protège le pouvoir d’achat des ménages et soutient une consommation responsable », explique Nirintsoa Ratovohery, représentante de la BMOI, lors d’une conférence de presse lundi au Novotel Alarobia.

Un pilier du financement local

Les entreprises et emprunteurs professionnels, en revanche, doivent désormais acquitter la TVA sur leurs crédits. Les prêts immobiliers destinés à l’achat de terrains ou de logements ne bénéficient pas d’exonération.

Pour Herintsalama Rajaonarivelo, président du Fikambanan’ny Orin’asa Malagasy (FOM), la mesure rappelle l’importance des petites et moyennes entreprises (PME) dans l’économie nationale. « La majorité des transactions commerciales sont réalisées par des entreprises informelles, qui contribuent fortement à l’emploi et au développement local. Il faut un système fiscal juste, qui accompagne ces petites structures dans leur formalisation sans les écraser. »

Les IMF jouent un rôle central dans l’accès au crédit, notamment en zone rurale. Fin 2023, les 16 membres de l’Association professionnelle des institutions de microfinance (APIMF) comptaient plus de 2,4 millions de clients, dont plus de la moitié en milieu rural. Elles géraient alors 663 milliards d’ariary de crédits en cours et 829 milliards d’ariary en dépôts.

Ce maillage territorial contraste avec le réseau bancaire classique, largement concentré dans les zones urbaines. En 2020, seuls 10 % des adultes disposaient d’un compte bancaire formel ; un taux qui atteindrait 18 % en 2025 en incluant les comptes de mobile money.

En excluant la microfinance de la nouvelle fiscalité sur les intérêts, les autorités affichent la volonté d’encourager l’inclusion financière et de protéger les acteurs les plus fragiles de l’économie. Une orientation qui prend tout son sens dans un pays où 92 % des entreprises formelles sont des très petites entreprises (TPE) et où le secteur informel occupe une place prépondérante.

Irina Tsimijaly 

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