ORGANISATION RÉGIONALE - L’union sacrée de la SADC à renforcer

Le 45e Sommet de la SADC s’est tenu à Antananarivo, Madagascar, hier. Dans les prises de parole, l’accent a été mis sur la nécessité de renforcer les échanges entre les États membres pour aller vers une autonomie collective.

Photo de famille prise lors de la cérémonie d’ouverture du Sommet de la SADC, au CCI Ivato, hier.

Renforcer la résilience des pays membres. C’est l’objectif autour duquel se sont concentrées les discussions durant le 45e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), hier, au Centre de Conférence International (CCI) Ivato.

« Promouvoir l’industrialisation, la transformation du système agricole et la transition énergétique pour une SADC résiliente » était le thème du Sommet d’Antananarivo. Dans son discours d’acceptation de la présidence de l’organisation régionale, Andry Rajoelina, président de la République, a mis l’accent sur un terme qui résume la démarche qu’il souhaite impulser : parvenir à « une autonomie collective ».

Le nouveau président de la SADC a ainsi appelé « à l’unité et à l’action », afin d’atteindre les objectifs communs de la communauté, qui sont aussi ceux de chaque pays membre. Lors des interventions, tous les orateurs ont reconnu que les trois priorités mises en avant dans le thème du Sommet représentent des enjeux partagés par les seize États de la SADC.

« L’heure n’est plus à la réflexion, mais aux stratégies concertées. L’heure n’est plus à la dépendance, mais à l’affirmation souveraine. L’heure n’est plus à la lenteur, mais à l’accélération, à l’audace et à l’efficacité. (…) L’histoire nous a appris que lorsque nous choisissons l’unité, nous faisons reculer l’instabilité. Lorsque nous cultivons la solidarité, nous faisons germer la prospérité », a déclaré Andry Rajoelina.

Duma Gideon Boko, président du Botswana, a également insisté sur la nécessité de resserrer les rangs au sein de la SADC, notamment face aux évolutions du contexte mondial : taxes douanières imposées par les États-Unis, baisse des aides et investissements publics internationaux, fluctuations des prix liées aux conflits au Moyen-Orient. « Nous sommes conscients désormais que nous avons besoin les uns des autres. Il nous faut briser les barrières et renforcer notre coopération et nos échanges intra-africains», a-t-il soutenu.

Action

La partie est encore loin d’être gagnée. Selon Elias M. Magosi, secrétaire exécutif de la SADC, bien que le commerce entre les pays membres ait légèrement augmenté en 2024, atteignant 20%, « il reste faible, contrairement à l’objectif de 30 % ». Il ajoute que « ce faible chiffre reflète la tendance à commercer davantage avec les partenaires extérieurs qu’entre nous, au niveau régional ».

Pour y remédier, Elias M. Magosi propose de renforcer la mise en œuvre du « protocole commercial de la SADC ». Celui-ci prévoit notamment « la création d’une zone de libre-échange, la libéralisation du commerce des services et le renforcement de l’investissement ». Dans un premier temps, il s’agit « d’accélérer la levée des obstacles au commerce, de faciliter la circulation transfrontalière des entrepreneurs, des biens et des services et d’assurer sa stabilité ».

Pour le président Rajoelina, la transformation agricole et l’industrialisation, en particulier l’agro-industrie, constituent une voie pour relancer la croissance et renforcer les investissements. Il insiste également sur la nécessité de mieux connecter les économies des pays de la SADC afin de « renforcer notre autonomie collective ». Comme l’a souligné le président du Botswana, le secteur privé a un rôle déterminant dans ce processus.

Toujours dans cette optique, Netumbo Nandi-Ndaitwah, présidente de la Namibie, a mis en avant l’importance de « transformer nos matières premières avant de les exporter hors de la zone SADC, afin d’y ajouter plus de valeur ». Elle recommande ainsi « l’opérationnalisation du programme de chaîne de valeur de la SADC», destiné à stimuler l’intégration économique régionale en développant des chaînes de valeur dans des secteurs stratégiques.

Le renforcement de la capacité industrielle et l’intégration des marchés de la SADC sont parmi les principaux axes de ce programme. À l’instar de l’appel à l’action et à l’unité lancé par Andry Rajoelina, les autres dirigeants présents ont souligné la nécessité de traduire les discours en actes. « Les mots doivent désormais être transformés en livrables concrets», a insisté le président du Botswana. « Nous devons agir pour renforcer notre résilience », a renchéri Emmerson Dambudzo Mnangagwa, président du Zimbabwe.

« Aujourd’hui, je vous appelle à marcher ensemble, en rangs serrés, à parler d’une seule voix, pour une SADC forte et prospère. Que ce sommet soit le point de départ d’une nouvelle étape où l’industrialisation devient réalité, où nos champs nourrissent nos peuples, où notre énergie éclaire chaque foyer et où notre union fait notre puissance », a conclu le président Rajoelina dans son discours d’acceptation de la présidence de l’organisation.

Garry Fabrice Ranaivoson

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