Le Révérend Dr Zaka Hary Masy Andriamampianina a été élu à la tête de la FJKM (Fiangonan’i Jesoa Kristy eto Madagasikara). Les fidèles souhaitent qu’il demeure en dehors des affaires politiques.
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Pasteur Zaka Andriamampianina, nouveau président de la FJKM. |
Des réactions se sont rapidement fait entendre après l’élection du pasteur Zaka Hary Masy Andriamampianina. Il n’est pas un inconnu, ni pour les instances dirigeantes de l’Église ni pour le grand public. Ses discours jugés politiques, prononcés au Coliseum Antsonjombe en janvier 2023, avaient déjà suscité le mécontentement de nombreux politiciens.
Après son élection, certains d’entre eux ont de nouveau exprimé leur désaccord. Des fidèles, quant à eux, ont exprimé leur souhait de voir une figure apolitique à la tête de l’Église. « Les responsables d’Église ne devraient pas s’impliquer en politique. Leur mission doit se concentrer sur la foi, car religion et politique n’ont rien à voir. On constate déjà une baisse du nombre de pratiquants dans certaines grandes Églises, et c’est ce qu’il faudrait redresser », lance Voahangy, fidèle auprès du temple FJKM Peniela Besarety. Elle ajoute qu’elle-même n’a pas fréquenté le temple depuis plusieurs semaines.
Dans ce même esprit, Olivier Raheriniaina rappelle que « la tâche principale d’un dirigeant religieux est de renforcer la foi des fidèles, à travers l’annonce de l’Évangile. Il ne doit pas faire de politique, ni soutenir l’opposition ou le pouvoir en place. Son rôle est plutôt de rappeler les valeurs, corriger ce qui ne va pas et conseiller sur ce qui est juste ou non ».
Hery Nekena Randrianantenaina, un autre fidèle de l’Église FJKM, note que: « La religion ne devrait pas s’immiscer dans la politique, car cela engendre des contradictions qui risqueraient de nuire à sa mission si elle s’y engageait ».
Interpellation
À l’inverse, un sociologue, ayant requis l’anonymat, souligne que « l’Église a le droit d’interpeller les dirigeants lorsqu’elle constate des dérives, par exemple en cas de corruption. Elle peut indiquer ce qui est bien et ce qui ne l’est pas, en jouant son rôle de repère moral. En revanche, elle ne doit pas s’aligner sur un parti politique. De son côté, l’État doit respecter la laïcité et ne pas interférer dans les affaires religieuses ».
À Madagascar, la séparation entre l’État et les organisations religieuses reste toutefois loin d’être effective.
Miangaly Ralitera & Ida Mialisoa